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Carrefour du savoir Telfer

Quand l’adversité façonne l’empathie : le parcours étudiant d’Ildephonse Mmangyo (B.Com. 2022)


Ildephonse à la collation des grades du printemps 2022

Originaire de la République démocratique du Congo, Ildephonse Mmangyo (B.Com. 2022) est arrivé à Ottawa comme étudiant international. Pendant son parcours à l’École de gestion Telfer, il s’est spécialisé en finance et a cofondé l’organisme sans but lucratif Twaweza Initiative, établi à Ottawa. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur son parcours inspirant et sur ce qui le motive à redonner à la communauté.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours, depuis votre arrivée au Canada comme jeune réfugié avec votre famille jusqu’à votre carrière en finance?

Lorsque j’étais très jeune, ma famille a fui les troubles civils en République démocratique du Congo et s’est réfugiée en Tanzanie. Là-bas, nous avons vécu dans des camps de réfugiés pendant environ 10 ans. C’est là que j’ai fait mes études primaires. En 2011, lorsque j’avais presque terminé mes études secondaires, le climat d’insécurité qui régnait en Tanzanie a poussé ma famille à émigrer au Malawi.   Nous y sommes restés jusqu’à ce que je parte étudier au Canada. Mais la vie là-bas n’était pas plus facile pour moi. Comme j’étais réfugié, des contraintes juridiques m’empêchaient de poursuivre des études supérieures. En fait, je n’y pensais même pas, car c’était comme un rêve inaccessible. Les gens s’attendent à ce que vous cherchiez un emploi dès la sortie du secondaire, mais même trouver du travail était un défi de taille en raison de mon statut de réfugié.

Cela dit, tout a changé lorsque mon chemin a croisé celui d’un organisme sans but lucratif qui aide les personnes réfugiées à poursuivre des études supérieures au Canada. Un jour, des membres de cet organisme ont visité notre camp au Malawi et ont repéré quelques personnes qui répondaient aux critères de sélection. Le processus a été long, mais j’ai eu la chance d’être choisi pour intégrer la cohorte de 2016-2017 et, par bonheur, d’être jumelé à l’Université d’Ottawa. Je suis arrivé au Canada en août 2017 et j’ai commencé mon parcours universitaire à l’École de gestion Telfer en septembre. J’ai obtenu mon baccalauréat en sciences commerciales spécialisé en finance en 2022.  Je n’aurais jamais imaginé pouvoir fréquenter un grand établissement comme l’Université d’Ottawa, surtout compte tenu de ma situation personnelle. Je serai toujours reconnaissant d’avoir eu cette occasion inestimable.

Les occasions qui vous ont été offertes par Telfer vous ont-elles aidé dans vos projets personnels et professionnels?

Énormément! Si c’était à recommencer, je choisirais toujours Telfer. J’ai un attachement particulier à cette école, car elle m’a donné l’occasion de m’épanouir sur le plan personnel. C’est un endroit où j’ai pu progresser grâce à mes apprentissages, au mentorat et aux innombrables interactions avec différentes personnes, lesquelles m’ont inculqué une éthique professionnelle. À travers ces expériences, j’ai aussi appris l’importance de redonner.

On ne devrait jamais garder pour soi ce qu’on acquiert, que ce soit des connaissances, une chance d’épanouissement ou de l’expérience. Telfer nous encourage à transmettre nos connaissances et à parler de nos expériences.

J’ai gardé contact avec mes amies et amis de Telfer. Les amitiés qu’on cultive ne s’arrêtent pas quand on obtient notre diplôme; elles nous accompagnent tout au long de notre vie. J’ai beaucoup de chance d’être encore en relation avec cette communauté de diplômées et diplômés qui offre autant de soutien.

Quels défis avez-vous rencontrés en tant qu’immigrant et étudiant international? Comment les avez-vous surmontés?

Comme j’étais un réfugié, mon déménagement au Canada m’a demandé beaucoup d’ajustements. C’était très difficile au début, surtout à cause du choc culturel et de la solitude que je vivais. La façon d’enseigner est aussi légèrement différente au Canada, et j’ai trouvé ça un peu difficile au début. Mais grâce au soutien que j’ai reçu et à ma communauté à l’Université d’Ottawa, j’ai réussi à passer à travers cette période compliquée et à relever ces défis. Les ressources auxquelles j’avais accès sur le campus – de l’aide à la rédaction des travaux universitaires au soutien en santé mentale – m’ont vraiment aidé à surmonter ces obstacles.

La communauté de l’Université d’Ottawa est très accueillante. Je me souviens encore très bien du moment où j’ai noué ma première amitié quand je vivais en résidence. Le fait que cette personne se souciait autant de moi alors qu’elle ne me connaissait pas beaucoup m’a réconforté et m’a redonné espoir. À partir de là, j’ai été capable d’agrandir mon cercle social, puis tout s’est enchaîné.

Lorsque vous étiez encore étudiant, vous avez lancé l’idée avec vos pairs de créer un organisme sans but lucratif. Qu’est-ce qui vous a inspiré à mettre sur pied Twaweza Initiative?

C’est vrai que l’idée de Twaweza Initiative a germé en 2019, mais le projet a seulement pris forme officiellement à l’été 2020, avec la mise en place des mesures de distanciation sociale au début de la pandémie. J’étais dérouté et je me sentais isolé à cause des restrictions strictes qui limitaient les rassemblements sociaux. C’est là que je me suis posé la question qui allait plus tard devenir le fondement de Twaweza : comment les autres, en particulier celles et ceux qui ont le même parcours que moi, gèrent-ils cette situation?

Avec quelques personnes, nous avons créé un petit groupe de discussion pour rester en contact pendant la pandémie. Au fil de nos conversations, nous avons réalisé à quel point l’isolement nuisait à notre santé mentale. Nous étions perdus au début parce que nous ne savions pas comment composer avec ces changements soudains. Puis quelqu’un a dit : « Je pense qu’on peut y arriver! » Ses paroles ont inspiré le nom Twaweza, qui veut dire « ensemble, nous pouvons » en swahili. Ce mot est devenu un symbole de notre détermination à traverser ensemble les moments difficiles.

Ildephonse (à droite) et ses collègues de Twaweza ont rendu visite à un nouvel arrivant à Ottawa en 2024
Ildephonse (à droite) et ses collègues de Twaweza ont rendu visite à un nouvel arrivant à Ottawa en 2024

Au bout d’un moment, nous avons décidé de tendre la main à d’autres membres de la communauté, surtout des personnes immigrantes et réfugiées, susceptibles de souffrir aussi des effets de l’isolement social. Cette prise de contact nous a permis de connaître leur histoire, notamment leur expérience à titre d’immigrantes et immigrants. L’initiative a vraiment pris de l’ampleur, et tout le monde avait envie de raconter son parcours!

Quand Twaweza a commencé à obtenir plus de soutien, nous avons décidé de ne plus nous limiter aux services liés à la pandémie et de commencer à offrir d’autres programmes aux personnes réfugiées et nouvellement arrivées, notamment des programmes d’éducation financière et de préparation à l’emploi. Dans ces programmes, les personnes qui viennent d’arriver au Canada acquièrent les connaissances pratiques dont elles ont besoin pour bien commencer leur nouvelle vie.

Comment conciliez-vous votre carrière et vos activités bénévoles? 

Le secret qui me permet de bien concilier ma vie professionnelle et mes activités philanthropiques, c’est la passion. Quand quelque chose nous passionne, on ne se fatigue jamais. Malgré toutes mes responsabilités professionnelles et familiales, je me lève encore tôt le matin avec une réelle envie d’apporter ma contribution dans ma communauté.  

Oui, c’est parfois difficile de trouver un équilibre entre mes responsabilités professionnelles, ma vie personnelle et mon engagement auprès de Twaweza Initiative. Mais ma passion m’aide à surmonter ces difficultés. C’est grâce à elle que j’arrive toujours, malgré mes longues heures de travail, à coincer quelques réunions ou à lire des documents pour l’initiative dès que j’ai un peu de temps.  

De quelle façon les épreuves que vous avez dû surmonter ont-elles fait de vous la personne que vous êtes aujourd’hui?  

Les épreuves ont façonné mon identité à bien des égards. Premièrement, si je n’avais eu à les surmonter, je ne serais peut-être pas animé de cette passion qui me permet de faire ce que je fais. Je pense toujours à ce que j’ai dû traverser, et c’est ce qui me pousse à poursuivre mon engagement social. Dans les moments les plus difficiles de ma vie, j’ai reçu l’aide et les conseils de nombreuses personnes. Et maintenant que ma vie est plus stable, je veux moi aussi avoir un impact positif sur les autres. 

Deuxièmement, mon parcours m’a aidé à comprendre à quel point l’espoir est important. Comme je viens d’un milieu où les études supérieures étaient un luxe, je n’avais pas beaucoup d’espoir pour l’avenir. Pourtant, contre toute attente, je suis maintenant titulaire d’un baccalauréat en sciences commerciales de l’Université d’Ottawa. Mes expériences m’ont permis de découvrir qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel. Quelles que soient les circonstances, quelque chose de significatif peut émerger de toute situation, même les plus difficiles. 

Quel conseil donneriez-vous à une version plus jeune de vous-même ou à de futurs étudiants et étudiantes qui ont un parcours semblable au vôtre?

Sachez qu’il existe de l’aide. Ce qui compte vraiment, c’est votre ouverture et votre volonté de demander de l’aide. C’est important d’avoir quelqu’un à qui se confier ou d’appartenir à une communauté. N’hésitez pas à
vous lier d’amitié avec des personnes de tous horizons.

Je suis arrivé au Canada avec de grands espoirs et de grands rêves, mais je ne savais pas trop comment les réaliser. Quand j’ai parlé de mes aspirations à mes professeures et professeurs et à mes conseillères et conseillers aux études, ces gens m’ont orienté dans la bonne direction et montré comment prendre des mesures concrètes pour les concrétiser.

Si j’avais gardé tout ça pour moi et que j’avais hésité à parler de mes projets avec mes mentores et mentors et avec mes camarades, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Voilà pourquoi il est si important de s’ouvrir et de jouer un rôle actif dans sa communauté. Nos contributions, peu importe leur forme, aident à créer un changement positif pour nous et pour les autres.

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Photo de Duc Manh Nguyen

Cet article a été rédigé par Duc Manh Nguyen.

Duc Manh Nguyen est un étudiant de quatrième année en communication à l’Université d’Ottawa. Dans le cadre du régime coop, il travaille comme adjoint aux communications et aux projets spéciaux au sein de l’équipe responsable de l’engagement et du développement à l’École de gestion Telfer.

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