L’incidence concurrentielle des cotes environnementales, sociales et de gouvernance sur les fonds communs de placement
Ces dernières années, l’investissement axé sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) a connu un essor important, les investisseuses et investisseurs institutionnels et particuliers privilégiant cette approche pour changer les choses à l’échelle mondiale. Outil de promotion des pratiques commerciales responsables, l’investissement ESG repose sur l’évaluation des entreprises selon leur empreinte environnementale, leurs contributions sociales et leurs normes de gouvernance.
Le secteur des fonds communs de placement, qui rassemblent les investissements de personnes et d’organisations pour créer des portefeuilles diversifiés, adopte de plus en plus l’investissement ESG. Comme les fonds intégrant les facteurs EGS affichent aujourd’hui des entrées de fonds considérables, ils s’établissent comme des joueurs clés du mouvement. Or, on s’inquiète de plus en plus de l’utilisation des cotes ESG pour renforcer l’attrait de fonds qui ne prendraient pas véritablement en considération ces valeurs.
Dans le but d'explorer cette problématique, le professeur Fabio Moneta a obtenu une Subvention de développement de la recherche de Telfer pour son projet sur les fonds communs de placement et la cote ESG intitulé « Mutual Fund Tournaments and ESG Rating ». Il évaluera si les gestionnaires de fonds, surtout ceux dont le rendement est décevant, ajustent stratégiquement leurs portefeuilles pour faire grimper la cote ESG à la fin de l’exercice. La manœuvre attirerait les investisseuses et investisseurs privilégiant les questions ESG et atténuerait les conséquences d’un mauvais rendement.
Se fondant sur une analyse détaillée des Cotes de durabilité Morningstar, l’étude – qui sera cosignée par Xiaoyu Sun, étudiante au doctorat en finances à Telfer – établira en quoi ces cotes sont influencées par des considérations liées au rendement. Les fonds qui sous-performent durant le premier semestre (les « perdants ») sont plus susceptibles de connaître une hausse de leur cote ESG avant la fin de l’exercice pour attirer de nouveaux investissements que ceux dont le rendement est satisfaisant (les « gagnants »). Cette approche compétitive, un peu à l’image d’une joute, fait douter de l’importance qu’accordent les gestionnaires de fonds aux valeurs ESG. Et s’ils ajustaient simplement les cotes pour répondre à la demande des investisseuses et investisseurs?
Cette étude pourrait entraîner un appel à une responsabilité et à une transparence accrues dans les investissements ESG de manière à ce que ces facteurs stimulent un changement positif concret au lieu d’augmenter les profits du secteur de la gestion des actifs.