Le professeur Dan Lane a attiré l’attention sur l’adaptation aux changements climatiques au congrès de la Société canadienne de recherche opérationnelle tenu à Ottawa cette semaine. Ses collègues et lui ont présenté des résultats du projet « C-Change », une initiative conjointe du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et du Centre de recherches pour le développement international (CRDI). Ce projet est axé sur le Canada et les Caraïbes, et il est dirigé depuis l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa. Les communications du professeur Lane et de ses collègues à cette rencontre, la plus grande au pays, entre scientifiques en recherche opérationnelle, abordaient des thèmes tels que la vulnérabilité et la résilience des collectivités côtières, l’analyse des risques dans la prise de décision, la dynamique des systèmes, la modélisation statistique des violentes tempêtes, et la réaction des collectivités aux effets de l’élévation du niveau de la mer.

L’initiative C-Change (« Coastal Change ») a été lancée en réponse au fait que les collectivités côtières doivent se préparer à une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Dans un document d’information paru sur le site Web de C-Change, le professeur Lane écrit que « les régions côtières connaissent des conditions climatiques plus extrêmes, ce qui correspond aux prévisions des modèles de changements climatiques ». Il précise également qu’ « au cours de la dernière décennie, les pluies diluviennes et les inondations se sont accrues et intensifiées ».

Même si le problème « a suscité de l’intérêt auprès de tous les secteurs d’activités et de tous les ordres de gouvernement à l’égard de mesures de prévention, d’atténuation et de réduction des risques », a souligné le professeur Lane, les plus petites collectivités sont souvent désavantagées face à la menace : elles n’ont pas les ressources dont disposent les villes pour réaliser des simulations à grande échelle afin de se préparer aux ondes de tempête et à la hausse du niveau de la mer, bien qu’elles puissent y être particulièrement vulnérables. Le groupe de C-Change a donc concentré ses efforts sur l’adaptation climatique dans les petites collectivités, en s’engageant auprès de huit d’entre-elles devenues ainsi sujets d’étude au Canada et dans les Caraïbes.

Par exemple, le C-Change a joué un rôle majeur à Petite-Anse au Cap-Breton en Nouvelle-Écosse, dans l’organisation d’une activité qui a permis aux responsables des mesures d’urgence de l’endroit d’évaluer et de simuler une réaction à des situations de crise. Le professeur Lane et son étudiant Alex Chung, candidat au programme de maîtrise en science des systèmes, ont ainsi participé à la simulation (ou « exercice de table ») tenue à l’Université Sainte-Anne, au campus de Petit-De-Grat en mai 2014.

L’engagement communautaire de C-Change au Cap-Breton

Les scénarios de simulation élaborés par Alex Chung dans le cadre de ses recherches de maîtrise étaient liés à la défaillance potentielle de la digue locale. « Un seul chemin mène à une partie de la collectivité, a expliqué M. Chung, et il y un creux dans la colline. En cas d’ondes de tempête ou d’inondation, la route pourrait être bloquée, et des résidents se retrouveraient essentiellement isolés. Un facteur clé dans ce cas est que la digue censée réduire le risque n’offre plus la même protection qu’avant ».

Le groupe de C-Change a mis à contribution le Centre des opérations de secours de la municipalité du comté de Richmond au Cap-Breton. L’exercice de simulation et la discussion étaient dirigés par un représentant local de la Croix-Rouge, avec la participation du maire et des conseillers, de membres de l’administration municipale, ainsi que du député provincial et du député fédéral du secteur à titre d’invités. Par la suite, dans le cadre de la Semaine de la sécurité civile, le professeur Lane et M. Chung se sont joints au représentant de la Croix-Rouge pour visiter des écoles de la région et discuter avec les élèves.

Le travail effectué à Petite-Anse était typique d’autres actions du groupe de C-Change en ce qu’il mettait l’accent, entre autres, d’une part, sur différentes stratégies d’adaptation en préparation à des tempêtes de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses, et, d’autre part, sur l’évaluation de stratégies pour appuyer le processus de prise de décision dans les collectivités. « La simulation, a souligné M. Chung, a contribué à renforcer la capacité locale en montrant la nécessité de mobiliser connaissances, compétences et ressources du bas vers le haut ».

Enfin, l’intervention de C-Change a aussi montré que le groupe apporte un savoir et des enseignements qui ont un intérêt à la fois sur le plan pratique et sur le plan universitaire, a expliqué le professeur Lane. « C-Change fait appel à un processus de participation pour la prise de décision en matière d’adaptation pour les collectivités, et cette démarche, par les résultats obtenus, a vraiment aidé ces collectivités à se préparer en fonction de risques locaux spécifiques. De façon plus générale, le groupe C-Change a fourni de précieuses connaissances afin d’aider les collectivités à faire face aux impacts des changements climatiques. »

Au sujet de C-Change :

Le projet C-Change (2009-2014) met en relation des membres des collectivités et des chercheurs universitaires canadiens avec des membres de la communauté caribéenne afin d’appuyer la recherche sur l’adaptation des régions côtières aux changements environnementaux, notamment les répercussions des ondes de tempête et de la hausse du niveau de la mer sur les collectivités côtières exposées à ces phénomènes.

Au sujet de la Société canadienne de recherche opérationnelle (SCRO) :

Le congrès de 2014 de la SCRO s’est déroulé à Ottawa du 26 au 28 mai, bénéficiant d’une forte présence de l’École de gestion Telfer et de l’Université d’Ottawa.