Cet été, l’Université d’Ottawa a eu le privilège de codiriger une expérience d’apprentissage extraordinaire : l’édition 2025 du cours d’été du Cross-Campus Capstone Classroom (C4) sur l’itinérance, donné selon l’approche de l’apprentissage collaboratif international en ligne (COIL). Copiloté par Franz Newland, professeur de génie à l’Université d’Ottawa, et développé par un réseau de partenaires en Ontario et au Brésil, ce sprint interdisciplinaire de trois semaines était bien plus qu’un simple cours. C’était un défi d’aborder avec empathie et créativité, dans un esprit de collaboration, l’un des enjeux sociaux les plus complexes de notre époque.
Les participantes et participants l’ont relevé avec brio.
Le projet, qui impliquait 12 équipes réparties en deux groupes, ainsi que cinq établissements et d’innombrables actrices et acteurs de la communauté, s’articulait autour d’une question qui, bien que simple à première vue, était relativement épineuse : Comment cocréer des solutions concrètes qui permettent d’améliorer de manière substantielle les vies des personnes touchées par l’itinérance?
La maison comme inspiration
Des étudiantes et étudiants des cinq établissements participants, à savoir l’Université d’Ottawa, l’Université York, l’Université Wilfrid-Laurier, l’Université de Guelph et Unisinos, au Brésil, se sont regroupés au sein d’équipes mixtes appuyées par des responsables du corps professoral et des gestionnaires étudiants. L’objectif était de concevoir des solutions concrètes aux diverses facettes de l’itinérance, qui se manifestent à plusieurs niveaux, de l’insécurité alimentaire à l’accès au logement, en passant par l’autonomisation des jeunes et la réduction des méfaits.
La métaphore qu’ils ont choisie pour structurer leur réflexion? Celle de la maison.
La maison comme symbole d’identité, de sécurité et d’appartenance, et non comme simple structure, a en effet servi de fil conducteur aux recherches, à la mise en récit et aux présentations finales des équipes. Et comme pour une vraie maison, il a fallu établir des plans et des cadres et faire preuve de rigueur à toutes les étapes, de l’idéation aux entrevues avec les parties prenantes, en passant par la conception des prototypes et l’établissement de partenariats avec la communauté.
Donner voix et reconnaissance à la communauté étudiante
L’Académie verte a fièrement parrainé quatre étudiants de l’École de gestion Telfer, leur offrant une occasion unique de s’engager dans un projet interdisciplinaire et interinstitutionnel dans le cadre du cours d'été 2025 C4 COIL sur l’itinérance. Parmi eux, Natasha Stewart (équipe 2.1), étudiante en quatrième année en gestion, a contribué à la création d’un simulateur de politiques d’allocation de financement pour l’itinérance, un outil permettant aux décideurs de modéliser les impacts à long terme de leurs décisions à l’aide de données ancrées dans l’expérience vécue. Son équipe a remporté le Prix de l’innovation C4, parrainé par YSpace, pour la créativité, la viabilité concrète et le potentiel de mise en marché du projet.
Réfléchissant à cette expérience, Natasha a partagé :
« Rencontrer de vrais partenaires, écouter leurs histoires… ce n’était pas juste un devoir. C’était profondément humain. »
Elle a expliqué comment le fait de remettre en question les mythes entourant l’itinérance a nourri chez elle une plus grande empathie, non seulement en tant que future gestionnaire, mais aussi en tant que citoyenne engagée.
Également présent, Kevin O’Neal Sokeng Achigui (équipe 2.2), étudiant de première année en comptabilité, a travaillé avec son équipe à la conception d’un jeu de cartes éducatif visant à favoriser l’empathie et la sensibilisation à l’itinérance. Il a joué un rôle central en effectuant des recherches sur les politiques en Ontario, en traduisant du contenu, en créant des documents de fond et en rédigeant des outils de communication. Selon lui :
« Ce défi m’a fait comprendre que même en tant qu’étudiants en affaires, nous avons un rôle à jouer dans la construction de communautés plus équitables. Les vraies solutions exigent de l’empathie, de la collaboration et une vision à long terme. »
Jiya Kansal (équipe 2.4), étudiante en gestion internationale, a quant à elle contribué à l’élaboration d’un modèle de partenariat entre universités et refuges pour soutenir l’accès au logement des jeunes en situation d’itinérance. Elle a dirigé l’aspect logistique, s’assurant que le projet soit non seulement porteur, mais aussi réalisable. Elle a confié :
« On croit souvent que les ressources sont accessibles, mais cette expérience m’a fait réaliser à quel point il peut être difficile d’y accéder. Ça a changé ma façon de voir les systèmes de soutien. Aucun enjeu n’est trop grand si on travaille ensemble, entre secteurs. »
Enfin, Shivani Patel (équipe 2.3) a participé au projet du sac à dos de survie intelligent, conçu pour répondre concrètement aux besoins des personnes en situation d’itinérance grâce à une approche technologique et adaptative. Elle a souligné l’aspect humain de l’expérience : « Ce n’était pas juste un exposé. C’était immersif. Être sur le terrain, rencontrer les gens… on savait qu’on concevait quelque chose qui allait vraiment servir. »
Dans l’ensemble, ces quatre étudiants ont salué la possibilité d’ancrer leur apprentissage en gestion dans les réalités communautaires, de co-créer des solutions tangibles avec les partenaires, et de développer des compétences essentielles en empathie, en pensée systémique et en leadership responsable.
Leadership, héritage et apprentissage par-delà les frontières
C4 doit son succès à sa structure : chaque équipe a bénéficié de l’appui de gestionnaires étudiants chargés de gérer la coordination du projet, les communications, la production vidéo et la conception du site Web. Le résultat? Une série de portfolios numériques magnifiquement conçus et des cadres de solutions prêts à être partagés et déployés. Ils sont mis à la disposition du public sur une plateforme dédiée qui rend compte de l’ampleur du travail réalisé par les 12 équipes. Parce qu’un article seul ne suffit pas à témoigner de l’effort, de la créativité et du soin que chaque équipe a consacrés au projet, on vous encourage vivement à aller explorer la plateforme par vous-même : Summer 2025 C4 ePortfolio.
Le vendredi 6 juin a marqué la journée de présentation des projets d’études (Capstone Day) dans tous les établissements participants. À l’Université d’Ottawa, les activités se sont déroulées à INNOVA, un espace doté de technologies de pointe.
L’événement a rassemblé toutes les équipes, virtuellement et en personne, pour une série de présentations et de réflexions et pour la remise des prix. Les juges ont discuté avec chaque étudiante et chaque étudiant pour évaluer les idées présentées, certes, mais aussi la réflexion et le travail qu’il y a derrière.
De nouveaux projets à l’horizon
Si l’Académie verte doit tirer une seule leçon de ce cours d’été de trois semaines, c’est qu’une éducation constructive ne peut se limiter au cadre restreint de la classe.
Il a déjà été prévu d’adapter un nouveau cours interfacultaire à l’Université d’Ottawa en s’appuyant sur le modèle C4. Restez à l’affût pour d’autres nouvelles et mises à jour.
Il a aussi été confirmé qu’un autre cours d’été sera donné l’an prochain et que l’Académie verte y participera une fois de plus. Les détails seront communiqués à la population étudiante dans les mois à venir. Nous avons toujours à cœur de contribuer à favoriser un apprentissage interdisciplinaire alimenté par la population étudiante elle-même, qui est en phase avec les objectifs de développement durable des Nations Unies et met l’accent sur l’impact social.
Parce que ce travail compte, et parce que de nombreux étudiantes et étudiants, comme Natasha, Kevin, Jiya et Shivani, sont plus que prêts à s’y attaquer.
Cet article fut rédigé par Takwa Youssef, coordonnatrice de l'Académie verte à Telfer.
En tant que coordonnatrice de l'Académie verte, Takwa joue un rôle clé dans le soutien à la mise en œuvre des programmes interdisciplinaires de l’académie. Elle supervise la logistique, la coordination des événements et la gestion des ressources, assurant l'exécution réussie des cours, ateliers, formations et recherches. Takwa établit des ponts entre les facultés, les services et les partenaires externes, cultivant la collaboration pour enrichir l'impact du programme. Elle gère la communication, les finances et l’administration, tout en contribuant à la vision à long terme de l’académie en renforçant les liens entre les disciplines et en soutenant sa croissance continue.
