Consommation socialement responsable : éviter les pièges - Rencontre avec la nouvelle professeure Argiro Kliamenakis
Argiro Kliamenakis a été embauchée en juillet dernier comme professeure adjointe en marketing à l’École de gestion Telfer. Elle est titulaire d’un doctorat en marketing à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia. Nous nous sommes entretenus avec elle pour en apprendre davantage sur ses intérêts en matière de consommation socialement responsable.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier le marketing? Votre intérêt professionnel cache-t-il un intérêt personnel pour ce domaine?
J’ai eu à lire « Comprendre nos comportements d’achat : la science du shopping » dans le cadre de mes études de premier cycle. Cet ouvrage m’a appris que nos achats sont souvent motivés par des mécanismes complexes, et que même des facteurs extérieurs, comme la musique de fond en magasin, peuvent influencer nos choix. Depuis lors, je suis fascinée par la psychologie de la consommation.
En quoi vos études doctorales vous ont-elles préparées à votre programme de recherche actuel?
À l’amorce de mon doctorat, j’avais établi que mon travail de recherche devrait avoir des retombées sociétales positives, mais je ne savais pas encore trop comment ça se présenterait. Au cours de ma formation, on m’a fait découvrir divers domaines de la recherche sur le comportement de consommation. C’est ainsi que j’ai pu trouver mes intérêts et cerner des projets de recherche dans des domaines liés aux pratiques de consommation et de marketing socialement responsables, au comportement prosocial et aux objectifs poursuivis dans la consommation.
Quels nouveaux faits saillants de vos recherches aimeriez-vous nous présenter?
Bien que la consommation responsable contribue à réduire notre empreinte écologique, une grande partie de la solution consiste à acheter moins, tout simplement. La surconsommation a largement contribué à l’aggravation de nos problèmes environnementaux. Voilà pourquoi je m’intéresse aussi aux moyens de la freiner. Par exemple, le récent article que j’ai copublié dans Psychology & Marketing, « When waiting pays off: The impact of delayed goal failure on self‐perception and self‐regulation », montre qu’on peut rompre le cycle de la recherche de luxe et de la dépense excessive en repoussant tout simplement l’impulsion de départ.
Quelle est l’incidence de vos recherches sur le monde du travail au Canada?
Je vise avant tout à encourager les décisions de consommation socialement responsables et durables, mais mon travail de recherche offre aussi des idées pratiques aux entreprises, qui tentent justement d’adapter leur modèle d’affaires à cette tendance. Plus précisément, mes recherches portent sur une variété de solutions éthiques, sociales et environnementales avantageuses pour la société, mais aussi pour les entreprises d’un point de vue concurrentiel. Fini le temps où l’on affiche sa responsabilité sociale a posteriori, ou pour se donner bonne conscience. Dorénavant, les entreprises devront s’attacher à intégrer des considérations de responsabilité sociale et de durabilité à leurs pratiques commerciales, leur culture organisationnelle et leur stratégie globale. Voilà qui se traduira non seulement par de meilleurs résultats sociétaux et environnementaux, mais aussi, à long terme, par de meilleures affaires. Tout le monde en ressortira gagnant!