Cultiver le sentiment d’appartenance en télétravail
Ce n’est un secret pour personne : la pandémie a fait évoluer notre perception du travail, et les gens recherchent dorénavant la souplesse et l’autonomie que permettent les emplois à distance. Toutefois, malgré la demande pour ce type de postes, les organisations sont réticentes à adhérer complètement à l’idée, allant même jusqu’à restreindre le travail en mode hybride. Fait notable, au début de septembre 2024, les fonctionnaires fédéraux ont dû commencer à se rendre au bureau trois jours par semaine plutôt que deux.
Creer un sentiment d'appartenance
L’absence de liens avec les collègues et l’organisation constitue un défi important, autant pour celles-ci que pour le personnel en télétravail. Le travail à distance présente certains risques, comme l’isolement et la solitude, qui peuvent nuire au bien-être et à la santé psychologique. Pour atténuer ces difficultés, il est donc essentiel d’aider les gens qui travaillent à distance ou en formule hybride à créer des liens, et plus précisément à cultiver un sentiment d’appartenance.
Le sentiment d’appartenance, c’est la mesure dans laquelle une personne se sent acceptée pour ce qu’elle est et se sent valorisée en tant qu’individu. En favorisant le sentiment d’appartenance, on encourage l’engagement et la création d’un environnement de travail positif. Ce faisant, les organisations arrivent à motiver et à retenir les talents, ce qui leur confère un avantage concurrentiel.
La question se pose alors : « Comment cultiver le sentiment d’appartenance en télétravail? » J’ai eu l’occasion de suivre le cours de premier cycle ADM 3998 : Recherche appliquée en gestion, offert par l’École de gestion Telfer, dans le cadre d’une étude de la professeure O’Reilly portant justement sur ce sujet. En collaboration avec une collègue, Yvonne Li, elle aussi assistante de recherche de premier cycle, nous avons interrogé des personnes en télétravail récemment embauchées afin de mieux comprendre leur expérience et d’observer le développement de leur sentiment d’appartenance au fil du temps.
La première impression est toujours la bonne
Qu’est-ce qu’on en retient? Que la première impression compte pour beaucoup. Pour le personnel en télétravail nouvellement embauché, l’expérience d’accueil et d’intégration est cruciale pour se sentir accepté dès le départ. Pour être positive, l’expérience d’intégration doit comprendre une formation organisée, des occasions d’interaction avec les collègues et une présentation des ressources de l’entreprise en rapport avec le poste occupé. Lorsque l’expérience d’intégration est bien préparée, elle permet au personnel de se sentir accueilli et pris en charge.
Puis, les interactions avec les collègues et les superviseures et superviseurs accentuent encore plus le sentiment d’appartenance. Dans l’ensemble, le télétravail favorise l’efficacité des interactions, mais n’offre toutefois pas la possibilité d’avoir des conversations spontanées autour de la machine à café. Ainsi, pour les personnes en télétravail, l’établissement de liens sociaux devient un processus actif qui, néanmoins, en vaut amplement la peine. Selon les personnes interrogées, le sentiment d’appartenance se renforce aussi lorsqu’elles ont du temps (délibérément prévu à cette fin) pour discuter de sujets sans lien avec le travail et pour interagir avec les collègues. Le simple fait de poser la question « Comment vas-tu? » à quelqu’un est valorisant pour cette personne.
En outre, les interactions significatives en contexte de travail jouent un rôle dans le sentiment d’appartenance. Par exemple, lorsque les télétravailleuses et télétravailleurs reçoivent des conseils professionnels de la part de collègues, ils ont davantage l’impression qu’on s’intéresse à leur réussite. En échangeant sur les expériences professionnelles, le personnel en télétravail récemment embauché apprend à connaître la culture de l’organisation et le rôle qu’il joue dans l’atteinte de ses objectifs. Lorsque les employées et employés perçoivent clairement leur contribution et la valeur de leur travail, leur sentiment d’appartenance s’affermit d’autant plus. En revanche, les gens qui ne bénéficient pas de ces interactions rapportent un faible sentiment d’appartenance, ont l’impression d’être remplaçables et croient devoir prouver leur valeur avant d’être acceptés.
En gros, il faudra mieux comprendre comment cultiver l’appartenance pour atténuer le sentiment de coupure et accroître la confiance des organisations dans le télétravail. Je suis reconnaissante d’avoir eu l’occasion de traiter de ce sujet et d’acquérir de précieuses connaissances en suivant le cours ADM 3998 : Recherche appliquée en gestion sous la supervision de la professeure Jane O’Reilly. J’ai hâte de voir comment cette recherche permettra de créer des milieux de travail favorisant le bien-être et les relations humaines pour chacun et chacune d’entre nous.
Cet article fut rédigé par Adora Wang.
Adora est étudiante à l’Université d’Ottawa, au baccalauréat en sciences commerciales avec spécialisation en finance. Elle est actuellement assistante de recherche pour la professeure Jane O’Reilly et le Laboratoire Triple I de l’École de gestion Telfer. Elle participe à la conduite de recherches qualitatives portant sur l’émergence du sentiment d’appartenance en milieu de travail et sur la dynamique sociale et interpersonnelle des conflits.