Un pont entre gestion et innovation sociale : la recherche qualitative au service de l’impact communautaire: rencontre avec Mathieu Bouchard
Mathieu Bouchard a été embauché l’été dernier à titre de professeur adjoint en gestion à l’École de gestion Telfer. Il est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires et d’un doctorat de HEC Montréal. Avant de faire carrière dans le monde universitaire, il a d’abord travaillé comme conseiller stratégique pour de grandes caisses de retraite. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur ses champs de recherche.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier en gestion? Quelles ont été vos motivations personnelles?
Je viens du monde de l’économie et de la finance. J’ai travaillé pendant huit ans dans le domaine des placements des fonds de retraite et je suis analyste financier agréé. Question de passer à autre chose tout en tirant parti de mon expérience, j’ai choisi de faire de la recherche qualitative sur des questions sociales. C’est ce qui m’a amené à faire un doctorat en management à HEC Montréal.
En quoi vos études doctorales vous ont-elles préparées à vos recherches actuelles?
Je voulais étudier ce que les communautés proposent comme solutions de rechange aux traitements biomédicaux en santé mentale, un sujet qui me tient profondément à cœur. Je m’y connaissais en placements et je venais de terminer mon MBA, mais je ne savais pratiquement rien de la recherche qualitative. Mes études doctorales m’ont donné les outils dont j’avais besoin pour mener les travaux m’intéressaient. Je me suis entouré d’un groupe d’universitaires fantastiques qui croyaient en ce que je faisais et qui m’ont montré les ficelles du métier.
Quels nouveaux faits saillants de vos recherches aimeriez-vous nous présenter? Avez-vous des publications à surveiller?
J’ai récemment publié le cadre de ma thèse de doctorat dans la Academy of Management Review. J’y expose des théories sur les émotions incitant les gens à participer à des mouvements sociaux qui remettent en cause le travail des professionnelles et professionnels. Seront aussi bientôt publiés plusieurs articles d’intérêt où j’explore la façon dont les usagères et usagers s’organisent lorsque les systèmes professionnels en place ne répondent ni à leurs besoins ni à leurs aspirations. En gros, je sonde la formidable écologie d’innovation sociale que les organisations citoyennes représentent, et j’explique pourquoi les spécialistes et leurs organisations devraient s’intéresser aux solutions développées en périphérie des systèmes professionnels.
Quelle est l’incidence de vos recherches sur le monde du travail au Canada?
À date, mes recherches ont surtout porté sur le système de santé (groupes d’entraide, pair aidance, patients et patientes partenaires). Je présente régulièrement leur contenu à des responsables de politiques, des gestionnaires et des professionnelles et professionnels du milieu de la santé, qui s’y montrent par ailleurs sensibles. Mes travaux leur donnent des concepts à interpréter et les amènent à réfléchir à des solutions aux défis de leur quotidien. Aujourd’hui, j’entreprends d’explorer les organisations d’usagères et d’usagers dans le milieu de l’enseignement primaire (centres d’apprentissage par et pour les parents qui font l’école à la maison) et des banques (réseaux de prêts entre particuliers).