Megan Takeda-Tully (B.Com. 2007) : lauréate du prix Jeune Phénix 2024 de l’École Telfer
Megan Takeda-Tully (B.Com. 2007) est une entrepreneuse sociale primée qui combine avec passion les affaires et le développement durable. Elle a quitté une brillante carrière en placements sur Bay Street pour soutenir des innovateurs et des innovatrices qui veulent changer les choses. Chez Grands Défis Canada, elle a investi dans des personnes visionnaires travaillant, entre autres, dans les secteurs des sciences et de la technologie, des soins de santé et de l’éducation à la petite enfance. Cette expérience l’a inspirée, et elle a osé faire le saut en entrepreneuriat en fondant Suppli pour lutter contre le problème urgent des déchets produits par les emballages en plastique à usage unique.
Suppli est une entreprise sociale écologique qui fournit des solutions zéro déchet aux restaurants avec menu pour emporter les plus achalandés de Toronto, le but étant de réduire l’utilisation de contenants jetables. À titre de PDG, Megan Takeda-Tully a vaillamment guidé l’entreprise de son idée initiale à sa validation, de la preuve du concept à la première mouture du projet. Elle a dû prendre des décisions difficiles, comme changer le modèle d’affaires pour assurer la survie et la prospérité de Suppli.
En 2022, elle a fait partie des « leaders canadiens en émergence de Clean50 » pour son travail chez Suppli. Aujourd’hui, Megan Takeda-Tully s’appuie sur une équipe solide, met en œuvre ses aspirations toujours en évolution et dirige une entreprise prospère en pleine croissance. L’École de gestion Telfer est donc fière de lui remettre le prix Jeune Phénix 2024.
Destination : entrepreneuriat social
Megan Takeda-Tully n’est pas devenue PDG de son entreprise du jour au lendemain. Après avoir obtenu son diplôme, elle a travaillé comme associée chez RBC Dominion Securities. Elle a ensuite passé cinq ans et demi chez Fidelity Investments à titre de responsable des produits canadiens d’investissement dans le capital-actions pour les clients du secteur institutionnel et du commerce de détail.
Malgré tout, quelque chose lui manquait. Elle avait envie de travailler là où elle pourrait vraiment exercer une influence positive au quotidien. Grands Défis Canada était l’endroit parfait pour marier ses connaissances en placements et son désir faire bouger les choses.
L’organisation, fondée par le gouvernement du Canada, soutient les « idées audacieuses ayant un grand impact » en santé mondiale. Mme Takeda-Tully a joué un rôle crucial dans cette mission : elle a constitué et géré un portefeuille de 140 millions de dollars qui donne directement aux innovateurs et innovatrices utilisant des modèles d’affaires durables les outils nécessaires pour résoudre les problèmes les plus pressants. Son travail chez Grands Défis Canada a prouvé sa capacité à provoquer de réels changements, mais il a aussi jeté les bases de son parcours entrepreneurial.
En 2020, elle est elle-même devenue innovatrice en fondant Suppli. Ce n’est jamais facile de partir de zéro, encore moins de travailler avec des restaurants qui peinent à garder la tête hors de l’eau pendant une pandémie mondiale. Le dévouement de Megan Takeda-Tully envers le développement durable ne s’est toutefois jamais démenti, pas plus que sa volonté de créer un modèle d’affaires qui pourrait réduire considérablement l’empreinte environnementale de l’industrie des aliments et boissons.
« Il faut faire preuve d’une immense passion pour sa propre entreprise, a déclaré Megan Takeda-Tully lors d’une entrevue. Tant que vous n’avez pas d’investisseurs et un conseil d’administration, personne ne vient aux nouvelles. Votre devez trouver vous-même la motivation dans votre mission. »
Même s’il peut être stressant et chaotique de monter sa propre affaire, Megan Takeda-Tully est dans son élément et s’épanouit dans cet environnement où tout va vite et où elle doit porter plusieurs casquettes. « À quoi ressemble la journée de quelqu’un qui a fondé son entreprise? Chaque jour de l’année est différent et c’est ce qui me plaît. »
Le catalyseur : la diversité des cours de l’École Telfer
Le désir de se lancer en affaires n’est pas sorti de nulle part pour cette entrepreneuse sociale. Elle avait eu l’idée des années auparavant, inspirée par le programme de baccalauréat en sciences commerciales de l’École de gestion Telfer.
« Le cours d’entrepreneuriat social m’a marquée pendant mes études à l’Université d’Ottawa », raconte Mme Takeda-Tully. L’approche des affaires axée sur les effets concrets a piqué son intérêt. Sa curiosité remonte toutefois à encore plus loin.
Pendant sa première année à l’École Telfer, elle s’est d’abord spécialisée en comptabilité, mais elle a trouvé fascinant son premier cours de finance. Elle aimait l’aspect comportemental de la finance, les modèles d’affaires et les principes d’économie sous-jacents, ainsi que ce qui motive les entreprises en général. Avant la fin de sa première année, elle a décidé de troquer la comptabilité pour la finance.
« Pour moi, l’un des cours les plus stressants, mais les plus utiles, a été le cours de communication dans le monde des affaires », ajoute Megan Takeda-Tully. « J’ai dû apprendre à m’exprimer avec clarté et concision. Ça m’a énormément aidée lorsque je devais parler de ventes ou faire un exposé lors d’une réunion de direction. »
Une expérience étudiante enrichissante à l’École Telfer
L’expérience étudiante est différente pour chaque personne. Toute expérience se vaut, qu’elle soit acquise dans un club étudiant ou une équipe sportive. Joueuse de hockey à l’horaire chargé, Megan Takeda-Tully a donné tout son temps à l’équipe de l’Université; si c’était à refaire, elle participerait davantage aux activités des clubs étudiants.
Pendant quatre ans, Megan Takeda-Tully a fait partie de l’équipe interuniversitaire de hockey féminin, et participé à deux tournois nationaux. L’année même où elle était recrue, elle a été nommée gardienne de but étoile.
« Le hockey a occupé beaucoup de place dans mon expérience étudiante, ajoute-t-elle. Nous étions occupées et devions rester hyper concentrées pour faire les lectures obligatoires et aller au gym et aux entraînements. Je me suis fait des amies pour la vie dans l’équipe, et encore aujourd’hui, nous nous réunissons et nous restons en contact grâce à un groupe de clavardage. J’ai eu de la chance de vivre cette expérience. »
À l’école de l’innovation et de l’investissement
Toute jeune, Mme Takeda-Tully ne s’imaginait pas lancer sa propre entreprise; sa discipline de sportive lui a toutefois donné les outils nécessaires pour créer Suppli.
« Je ne pensais vraiment pas que je deviendrais entrepreneuse, confie-t-elle. Au début de ma carrière, je prévoyais devenir gestionnaire de portefeuilles de placements. Mais après avoir fait l’expérience de différentes facettes de ce travail, j’ai vu que ce qui m’attirait, c’était les petites entreprises, d’abord comme investisseuse, puis comme gestionnaire de ma propre entreprise. »
Chez Grands Défis Canada, Megan Takeda-Tully a travaillé directement avec des investisseurs et investisseuses dès les premiers stades des projets, et elle a beaucoup appris. Elle a compris l’art de distinguer la véritable validation de concept de la fausse (du point de vue de l’investissement), un énorme atout pour réussir à décrocher du financement pour sa propre entreprise.
Auprès des entrepreneurs et entrepreneuses, elle a affiné sa compréhension et sa sensibilité, et découvert la fierté qu’apporte la fondation d’une entreprise. Elle a été témoin de toute la place qu’occupe une entreprise dans une vie, de la passion et de l’énergie qu’elle insuffle, et de l’importance de garder les yeux rivés sur la mission qu’on s’est fixée pour conserver sa motivation. Peut-être plus important encore, Megan Takeda-Tully y a trouvé l’inspiration pour lancer sa propre entreprise.
Diriger avec courage une entreprise sociale
Il y a trois ans, le concept de Suppli a été mis à l’essai à petite échelle. Comme de nombreuses entreprises en démarrage, elle a fait des expériences et connu plusieurs faux départs. À cette époque, l’entreprise avait un autre mode de fonctionnement.
Il y a un an et demi, Megan Takeda-Tully a abandonné le modèle d’entreprise à consommateur pour adopter plutôt le modèle interentreprise. Sans repartir complètement de zéro, Suppli a tout de même opéré de grands changements. Sous le leadership de Mme Takeda-Tully et grâce à son nouveau modèle, l’entreprise a conclu des partenariats majeurs et s’est développée, renforçant sa présence dans le mouvement du développement durable.
« D’ici la fin de l’année, nous voulons servir des centaines de restaurants. L’année prochaine, nous étendrons nos activités à d’autres villes, ajoute Mme Takeda-Tully. Nous clôturons un cycle de financement et, en parallèle, nous augmentons la densité de nos services à Toronto. »
Rendre le Canada plus vert, une entreprise à la fois
Foncièrement engagée envers le développement durable, Megan Takeda-Tully a cette valeur en commun avec Telfer : bâtir un Canada plus vert. Depuis 2018, un groupe de professeurs et de professeures de l’École Telfer a établi plus de 100 partenariats, mené plus de 90 projets d’apprentissage par le service communautaire, publié plus de 80 articles dans des revues à comité de lecture et obtenu plus de 27 millions de dollars en financement externe. Tout cela dans le but d’intégrer le développement durable, la responsabilité sociale et la bonne gouvernance tant à l’École que dans la communauté au sens large.
L’École Telfer noue de plus en plus de collaborations fructueuses avec des entreprises durables, et Mme Takeda-Tully l’invite à élargir ses horizons. « Discutez avec des entreprises de toutes les tailles, pas seulement les plus grandes, mais aussi les petites; c’est là que naissent les mouvements, explique-t-elle. Chez Suppli, nous encourageons l’innovation en faisant des tests, en effectuant d’abord de la recherche, puis en faisant de nos idées des réalités et en apprenant de nos expériences. J’adore cet aspect d’une entreprise en démarrage. »
Réseauter, réseauter et… réseauter
On pourrait croire que Megan Takeda-Tully savait exactement ce qu’il fallait faire à chaque étape, mais ce n’était pas toujours le cas. Comme toute personne qui fonde une entreprise, elle s’est heurtée au processus de financement et à la recherche de ressources pertinentes. Avec le temps, elle s’est mise à réseauter et à parler aux gens qu’il fallait. C’est ainsi que Suppli a pu faire partie d’accélérateurs d’entreprises et se bâtir une communauté.
« Pour moi, le désir sincère de réseauter et de parler en toute honnêteté de ce que je construis et des difficultés que je rencontre, c’est un incontournable, explique Mme Takeda-Tully. Les gens sont prêts à aider et à faire part de leurs idées et de leurs connaissances. Les liens se sont resserrés et des contacts sont devenus des investisseurs, des employés et des conseillers. La clé était de sortir et de rencontrer des gens. »
« Souvent, on ne se rend pas compte de toute la pression qui pèse sur la personne qui crée l’entreprise, ajoute-t-elle. C’est un rôle solitaire et c’est parfois agréable de chercher de la sympathie auprès de ses semblables. »
Apprendre à se connaître
Le réseautage peut être intimidant pour certaines personnes, mais l’expérience du sport d’équipe de Megan Takeda-Tully l’a préparée à la collaboration et aux nouvelles rencontres. Au départ, elle se sentait seule dans son rôle de fondatrice, ce qui l’a poussée à s’entourer d’une formidable équipe.
Ce n’est pas la première fois que Mme Takeda-Tully occupe un poste de leadership, mais chez Suppli, son approche est différente. Au moment de former son équipe, elle a bien réfléchi au nombre de personnes qu’elle pouvait raisonnablement gérer tout en conservant une partie des responsabilités en lien avec la direction et la croissance de l’entreprise. Lorsque celle-ci a pris de l’expansion, Mme Takeda-Tully a embauché quelqu’un qui possédait une grande expérience de la formation et de la direction d’équipes, bref des qualités de leadership. « Mais avant que cette personne n’arrive, je devais comprendre mes propres limites et apprendre comment gérer l’équipe tout en dirigeant l’entreprise. »
Comme PDG, la gestion quotidienne des activités de l’entreprise et votre enthousiasme à la faire croître risquent de vous absorber complètement. De l’avis de Megan Takeda-Tully, ce n’est toutefois pas « particulièrement sain ».
« Lorsque mes amis m’invitent à des activités sociales, je leur dis oui. C’est facile de refuser et de travailler tout le temps, mais il n’y a pas que ça dans la vie. Je me suis remise au sport et je vais courir pour m’éclaircir les idées. J’ai de jeunes enfants qui me tiennent occupée; j’aide en tant qu’entraîneuse de leurs équipes sportives, je m’occupe de programmes dans mon quartier et j’assiste à leurs entraînements. Ça me force à m’éloigner du travail et j’adore ça. »
L’École Telfer est fière de tout ce que Megan Takeda-Tully (B.Com 2007) a accompli jusqu’à présent dans sa carrière et sa communauté. Du secteur conventionnel des placements à l’entrepreneuriat social, son parcours incarne les valeurs que nous souhaitons inculquer à nos étudiantes et étudiants. Nous avons hâte de voir où la détermination et le leadership de Megan Takeda-Tully la conduiront et la marque qu’elle laissera dans les années à venir.