La retraite avant 55 ans : une étude de cas sur le mouvement FIRE
Depuis la pandémie et la transformation du monde du travail qui a suivi – où les gens sont passés du télétravail au mode hybride à un retour au bureau –, notre regard sur la conciliation travail-vie personnelle et l’environnement de travail a changé.
C’est dans ce cadre qu’il est intéressant de se pencher sur le mouvement FIRE (pour Financial Independence, Retire Early ou indépendance financière et retraite anticipée), dont les adeptes ont pour objectif de quitter leur emploi principal le plus rapidement possible grâce à leurs choix financiers.
Le professeur Mohamed Chelli ainsi que la professeure et co-candidate Darlene Himick – dont l’étude de cas porte sur ce mouvement – se sont vu octroyer par le Conseil de recherches en sciences humaines une subvention de développement Savoir pour étudier la façon dont la logique éthique influence la prise de décisions financières chez les gens. Leur projet a pour titre The Ethical Implications of Financial Literacy.
Épargne extrême et investissements
Le mouvement FIRE est né dans les années 1990, et nombre des principes sur lesquels il repose sont tirés du livre Your Money or Your Life, écrit par Vicki Robin et Joe Dominguez. Celles et ceux qui y adhèrent s’emploient à épargner à l’extrême et investissent leur argent en début de carrière pour arriver à quitter rapidement leur emploi (idéalement à 55 ans ou même avant) et ainsi profiter de la liberté de ne plus dépendre de ce mode de vie traditionnel.
Une fois précocement à la retraite, ces gens vivent de leurs placements et de leur épargne, et n’en utilisent qu’un petit pourcentage chaque année. D’autres personnes choisissent plutôt cette stratégie afin d’avoir le loisir de décider à quel moment et à quelle fréquence travailler et non pour arrêter complètement de travailler à un jeune âge.
Retombées de la recherche
L’influence de l’éthique des gens et de leur niveau de connaissances financières est un sujet sous-représenté dans le monde de la recherche. En étudiant le mouvement FIRE, Mohamed Chelli et Darlene Himick espèrent cerner la logique éthique qui pousse certaines personnes à épargner et à investir pour prendre une retraite anticipée, et veulent également aider les chercheuses et chercheurs à mieux comprendre pourquoi les gens prennent telle ou telle décision financière. C’est une chose de constater d’importants changements dans la prise de décisions financières au sein de la population. C’est en une autre de comprendre les raisons qui expliquent cette transformation et les répercussions concrètes qui en découlent.
Le duo compte recueillir des données dans les forums en ligne et dans le cadre d’entrevues menées auprès d’adeptes du mouvement.
Leurs travaux pourraient aider les employeurs à mieux comprendre les décisions financières de leur personnel, ce qui leur permettrait d’améliorer le lieu de travail pour qu’il réponde mieux aux besoins des travailleuses et travailleurs. Ils pourraient aussi aider les décisionnaires à voir venir les tendances en matière de choix financiers et à adapter leurs propres stratégies d’acquisition de connaissances.