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Vers un habitat intelligent plus humain et inclusif

panneau de la maison intelligente avec un placard en arrière-plan

Les villes intelligentes ou ‘Smart Cities’ promettent efficacité et sécurité grâce à la technologie. Mais alors que des technologies connectées comme les capteurs, les détecteurs, les alertes vocales et les applications de contrôle s’intègrent à nos logements, une question cruciale reste trop souvent négligée : sont-elles réellement pensées pour tout le monde ? Trop souvent, les logements dits « intelligents » sont conçus sans tenir compte des besoins particuliers des personnes âgées ou en situation de handicap cognitif, ni des réalités auxquelles sont confrontés les services d’urgence. Et dans des situations critiques — incendie, chute, malaise ou simple oubli — chaque seconde compte. Or, si la technologie est trop complexe ou mal intégrée, elle peut devenir un facteur de stress, de confusion… voire de danger. Le défi est double : aider les personnes à rester en sécurité chez elles, sans pour autant leur retirer leur autonomie, et permettre aux services d’urgence d’agir efficacement lorsqu’une alerte est déclenchée.

Pour mieux inclure les populations vulnérables dans les environnements connectés, la professeure Muriel Mignerat, de l’École de gestion Telfer, a reçu une subvention de développement de la recherche pour repenser les habitats intelligents, en collaboration avec la professeure auxiliaire de Telfer Tina Saryeddine, également directrice générale de l’Association canadienne des chefs de pompiers.Muriel Mignerat 

Leur initiative vise à mieux protéger les personnes âgées et celles en situation de handicap cognitif en cas d’urgence. Elle répond à un constat préoccupant : les dispositifs intelligents sont souvent conçus sans tenir compte des réalités cognitives des utilisateurs, ni de la complexité de leur quotidien. De leur côté, les pompiers doivent composer avec ces nouvelles technologies — parfois utiles, parfois déconcertantes. Comment intervenir quand une alarme est déclenchée, mais que la personne ne comprend pas les instructions vocales ? Quand un capteur ne communique pas correctement avec le central ? Quand les standards techniques varient d’un fabricant à l’autre ?

« Le prochain niveau de la prévention incendie ne repose pas seulement sur la technologie — il s’agit surtout de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte à cause d’elle, » souligne Saryeddine.

Ce partenariat ouvre aux chercheuses un accès privilégié à plus de 3 200 services d’incendie à travers le Canada. Le projet se déploiera en deux phases : une revue des recherches existantes, suivie d’une étude de terrain avec plusieurs services d’incendie répartis dans différentes régions du pays. Les chercheures rencontreront des pompiers, des habitants, des aidants, des experts en TI et des acteurs municipaux, pour comprendre les usages réels, les obstacles, les réussites et les angles morts. Ces données permettront aussi d’évaluer comment les interventions actuelles tiennent (ou non) compte des besoins des personnes âgées et de celles en situation de handicap cognitif. En croisant ces perspectives, le projet vise à proposer des solutions concrètes pour rendre ces technologies plus accessibles, inclusives et efficaces en contexte d’urgence.

« Nous devons construire des villes assez intelligentes pour soutenir l’autonomie de tous, pas seulement de celles et ceux à l’aise avec la technologie, » défend Mignerat.

En route pour des villes intelligentes, sûres et inclusives

Des solutions concrètes sortiront de cette recherche : des recommandations conçues ensemble avec les acteurs concernés pour mieux connecter les technologies de l’information, les services d’urgence et les résidents vulnérables. L’objectif final : repenser les technologies résidentielles intelligentes de manière plus inclusive, plus interopérable et plus humaine. Il ne s’agit pas uniquement de mieux éteindre les feux — mais de créer des environnements connectés qui protègent sans isoler, qui informent sans désorienter, et qui renforcent l’autonomie des citoyens les plus vulnérables. Dans un sens plus large, les fruits des travaux de l’équipe contribueront à faire évoluer les normes technologiques, les pratiques municipales et les politiques publiques en sécurité résidentielle. L’idée : miser sur une innovation centrée sur les personnes, pour que plus personne ne soit laissé de côté quand l’alarme retentit.