Santé mentale : divulguer ou ne pas divulguer au bureau
Chercheurs :
Les professeurs Laurent Lapierre,Jane O’Reilly, Silvia Bonaccio,Magda Donia, Ivy Bourgeault de l’École de gestion Telfer; des chercheurs de l’Université de Calgary et de l’Université Saint Mary's.
Partenaires non universitaires :
La Human Resources Professionals Association (Ontario), l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, Excellence Canada, la Causeway Work Centre et la Société canadienne de psychologie.
Une étude multidisciplinaire menée par l’École de gestion Telfer explorera les causes, les manifestations et les conséquences de la divulgation par les employés de leurs problèmes de santé mentale au travail. Leurs conclusions devraient permettre aux dirigeants et aux professionnels des ressources humaines de renforcer leurs politiques sur les climats de travail afin d’encourager davantage les employés aux prises avec des problèmes de santé mentale à demander de l’aide.
Il est important de mettre l’accent sur la divulgation à une époque où la maladie mentale continue de faire l’objet d’un stigmate invisible, explique le professeur Laurent Lapierre de l’École de gestion Telfer, le chercheur principal. C'est encore le cas aujourd'hui, même si les problèmes tels que la dépression, l’épuisement professionnel et le trouble de stress post-traumatique sont mieux connus du public, a-t-il constaté. « Décider de divulguer un problème de santé mentale au travail est un choix difficile pour à peu près quiconque : un professeur atteint du trouble de stress post-traumatique, un directeur de banque ayant des crises de panique, une infirmière à qui l’on a récemment diagnostiqué une dépression majeure ».
« S’ils doivent souvent divulguer leur maladie pour recevoir le soutien et les accommodements qui leur permettront de rester au sein de l’organisation pour en demeurer des membres productifs, explique la professeure Jane O’Reilly de l’École de gestion Telfer, cela peut aussi les pénaliser sur le plan social et professionnel ».
D’où l’importance d’amener les dirigeants et les professionnels des ressources humaines à mieux comprendre les facteurs de malaise entourant la divulgation de sa maladie mentale au travail, déclare Sharon Lewis, directrice des programmes et services au Causeway Work Centre, l’un des partenaires du projet. « Nous devons pouvoir déterminer de quelle façon s’y prendre au travail pour que la divulgation se traduise par des résultats positifs pour les personnes concernées et les gens avec qui elles travaillent ».
Cette étude sera en fait la première à utiliser une multitude de méthodes de recherche rigoureuses pour examiner l’arrimage entre différents facteurs de volonté de divulguer son état de santé mentale au travail. Ces facteurs comprennent entres autres des caractéristiques organisationnelles telles que les politiques explicites sur la santé mentale. Des facteurs relatifs aux unités de travail seront aussi inclus dans l’analyse : l’interdépendance des collègues, le degré de stigmatisation de la maladie mentale dans l’unité ainsi que le climat de travail ou la culture professionnelle au sein de l’unité. Les chercheurs exploreront également des facteurs individuels (p. ex. la gravité perçue de son problème de santé mentale et les conséquences prévues de le divulguer ou de le dissimuler) en cause.
« La proportion de travailleurs canadiens ayant une maladie mentale est si élevée que cela coûte une fortune aux employeurs et à la société, souligne le professeur Lapierre. C’est pourquoi nous avons été un peu surpris de constater qu’il se fait peu de recherches sur la myriade même de facteurs susceptibles d’avoir un effet sur la divulgation. Notre étude sera la première à explorer et à définir les divers moyens qu’utilisent les employés pour divulguer leur maladie mentale en milieu de travail au Canada ».