Les technologies numériques façonnent les organisations, et vice versa : rencontre avec le nouveau professeur Mayur Joshi
Mayur Joshi a été embauché cet été à titre de professeur adjoint en systèmes d’information à l’École de gestion Telfer. Il a obtenu son doctorat de la Ivey Business School de l’Université Western. Avant d’arriver à Telfer, il a été chargé de cours à l’Alliance Manchester Business School de l’Université de Manchester. Avant de faire carrière dans le monde universitaire, il a d’abord travaillé comme banquier.
Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur ses champs de recherche.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier les systèmes d’information? Quelles ont été vos motivations personnelles?
Eh bien, je voulais changer le monde. J’ai travaillé comme banquier avant de poursuivre ma carrière en milieu universitaire. Dans ce poste, j’ai pu voir plusieurs projets d’implantation de technologies. Ces expériences m’ont amené à réaliser qu’il devrait y avoir une façon plus systématique et efficiente pour les organisations d’adopter les technologies numériques et de les mettre en place.
À l’époque, je croyais qu’un doctorat en systèmes d’information m’aiderait à trouver des moyens d’y arriver. J’ai compris après mon retour aux études qu’il serait bien plus long et difficile que je pensais de changer le monde. Un aspect important de cette quête est de comprendre d’abord les raisons derrière le fonctionnement actuel du monde. J’ai donc choisi de chercher principalement à comprendre comment les technologies numériques émergentes façonnent les pratiques, les processus et les stratégies des organisations, et vice versa.
En quoi vos études doctorales vous ont-elles préparé à votre programme de recherche actuel?
Mes études doctorales ont surtout porté sur deux choses : les théories organisationnelles qu’emploie la recherche en systèmes de gestion et d’information pour expliquer le monde des technologies numériques, et l’exploration de la façon dont les organisations utilisent réellement ces technologies numériques. J’ai entrepris divers projets de recherche durant mon doctorat pour réconcilier nos théories avec la réalité empirique de la numérisation. Aujourd’hui, mes recherches s’intéressent aux technologies numériques. Je tente de déterminer comment et pourquoi elles sont adoptées (concrètement ou symboliquement) dans les organisations, mais aussi de quelle façon elles sont conçues et dans quel dessein, du point de vue des gens qui les développent.
Aimeriez-vous nous présenter de nouveaux faits saillants de vos recherches? Y a-t-il des publications à venir ou de nouveaux projets qui vous animent?
J’ai publié deux articles importants cette année. Le premier, paru dans le Journal of the Association for Information Systems, examinait comment les organisations contemporaines fonctionnent en tant que systèmes d’adoption du numérique. Le deuxième article a été publié dans le Cambridge Handbook of Qualitative Digital Research. Il se penchait sur la manière dont les outils informatiques modifient les méthodes de recherche en milieu universitaire.
J’ai aussi le plaisir de codiriger un ouvrage sur l’intelligence artificielle (IA) et la prise de décisions dans les organisations, qui devrait sortir l’an prochain. Je travaille sur plusieurs autres projets centrés sur la numérisation, qui sont en cours d’évaluation dans des revues prestigieuses. Un de ces articles porte sur la façon dont les technologies comme l’IA peuvent permettre aux personnes qui travaillent dans une même organisation d’avoir des visions très différentes de la rationalité, et la façon dont ces personnes peuvent réconcilier ces différences.
Quelle est l’incidence de vos recherches sur le milieu des affaires au Canada?
Mes recherches mettent en évidence de grands défis auxquels font face les organisations dans la conception et le déploiement des technologies numériques émergentes, ainsi que leurs solutions à certains d’entre eux. Ainsi, mes travaux démontrent la nécessité d’aller au-delà des hypothèses répandues sur la résistance au changement. Oui, il y a toujours une certaine résistance au changement dans la communauté de pratique, mais dans bien des cas, ses membres sont tout à fait ouverts à changer et à essayer les technologies numériques émergentes. Cependant, bien des organisations refusent encore d’en faire l’essai, et je cherche à comprendre pourquoi.