Les technologies de nouvelle génération sous la loupe : rencontre avec le professeur Jasmin Manseau
L’hiver dernier, Jasmin Manseau est devenu chargé de cours (professeur adjoint) à temps plein en gestion des technologies d’affaires à Telfer, où il enseignait déjà à temps partiel depuis près de 10 ans. Durant cette même période, il a également travaillé comme consultant en gestion et cofondé une société de conseil, de gestion de projets et de développement logiciel. Il fait présentement son doctorat à l’Université Queen’s. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur ses champs de recherche.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier les analytiques d’affaires et les systèmes d’information (AASI)? Le faites-vous en raison d’un intérêt personnel pour ce domaine?
« Pourquoi? À cause du boom technologique. Je travaillais comme consultant, je démarrais une entreprise et j’enseignais la gestion à Telfer. Puis, j’ai constaté un point de convergence. Comme consultant, je recommandais des solutions technologiques. L’entreprise que je mettais sur pied utilisait de plus en plus les technologies. Et Telfer connaissait une transformation qui reposait sur les technologies numériques (le commerce en ligne pour le marketing, les technologies financières pour la finance). J’ai décidé de suivre le mouvement. »
En quoi vos études doctorales vous ont-elles préparé à votre programme de recherche actuel?
« J’ai enseigné à temps partiel à Telfer pendant six ans, environ, avant de me décider à entreprendre mon doctorat. J’ai gardé mon emploi à Telfer, mais je suis allé étudier à l’Université Queen’s, où j’ai rencontré des sommités du domaine des technologies de l’information. J’ai eu la chance d’enseigner et d’étudier en même temps. Je découvrais les technologies émergentes le jour et j’enseignais le soir. Je pouvais demander à mes étudiantes et étudiants de m’expliquer comment les technologies transformaient leur vie. C’était très inspirant. »
Y a-t-il des publications à venir ou de nouveaux projets qui vous animent?
« Avec des collègues de l’Université de Victoria, je travaille sur un projet qui m’enthousiasme tout particulièrement. Nous affirmons qu’il existe actuellement une troisième génération de technologies biométriques augmentées par l’IA dont l’utilisation ne se limite pas à l’authentification – pensez, par exemple, aux livreuses et livreurs entièrement surveillés. Le problème, c’est que les nouvelles technologies biométriques sont des armes à double tranchant; elles peuvent améliorer le bien-être et l’efficacité organisationnelle ou encore leur nuire. Dans un article en cours de révision, à paraître dans le Journal of Business Ethics, nous soutenons que les entreprises doivent être proactives lors de la mise en œuvre des technologies biométriques, car c’est la dignité fondamentale des employées et employés – qui ont le droit d’avoir un certain contrôle sur leur travail – qui est en jeu. »
Quelle est l’incidence de vos recherches sur le milieu des affaires au Canada?
« Je cherche à comprendre l’effet des nouvelles technologies au travail. Mon projet concerne les employées et employés, et tout particulièrement les travailleuses et travailleurs à la demande. Les livreuses et livreurs, par exemple, font souvent partie de cette économie à la demande, caractérisée par une main-d’œuvre bénéficiant d’une grande flexibilité au travail, mais d’une faible sécurité d’emploi. Mes recherches ont pour but d’éviter que l’émergence des technologies augmentées par l’IA donne lieu à l’exploitation de secteurs d’emplois vulnérables, comme celui des travailleuses et travailleurs à la demande. Elles visent aussi à fournir des conseils aux organisations et à développer des politiques qui pourront possiblement encadrer l’utilisation de l’IA dans les entreprises. »