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Le filon de la réussite : le parcours de Ian Telfer

Ian Telfer pose avec les lettres TELFER devant le pavillon Desmarais
Réputée pour l’excellence de ses programmes d’études et son expérience étudiante incomparable, l’École de gestion Telfer attire des milliers d’étudiantes et d’étudiants de tout cycle chaque année. Depuis ses humbles débuts en 1969, l’École a remporté un formidable succès. Et l’homme à qui elle doit son nom a connu un succès non moins retentissant.  

C’est une histoire d’ambition indéniable qui remonte à 1976. L’histoire du seul et unique Ian Telfer. C’est une bonne histoire, que nous allons vous raconter.  

Des débuts modestes qui mèneront au sommet du succès 

Photo d'un jeune Ian TelferDe nos jours, Ian Telfer est connu pour être l’un des entrepreneurs les plus prospères du Canada. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Il lui a fallu frapper à la porte de toutes les écoles de commerce du pays avant d’être miraculeusement accepté dans le programme de MBA de l’Université d’Ottawa, deux jours à peine avant le début des cours. C’est là que tout a basculé pour lui.  

C’est là que l’homme a pu poursuivre sa véritable passion pour les affaires, se faire de précieux contacts parmi la communauté universitaire puis, par un autre coup de chance, rejoindre l’univers de l’exploitation minière de l'or. Au cours de sa carrière de cadre, il sera appelé à diriger plusieurs entreprises en démarrage et à mener à bien des projets complexes de fusion et d’acquisition. Ian Telfer entrera dans l’histoire en faisant prospérer plusieurs sociétés minières, notamment TVX Gold, Wheaton River, Silver Wheaton, Terrane Minerals et Uranium One, dont la valeur en bourse totalise plus de 50 milliards de dollars. Le World Gold Council, qui regroupe parmi ses membres les plus grandes sociétés aurifères, le nommera même à sa présidence, rôle qu’il occupera pendant quatre ans et qui cimentera son statut dans le milieu de l’exploitation minière.  

En reconnaissance de ses maintes réalisations, il sera intronisé au Temple de la renommée du secteur minier canadien en 2015, de même qu’au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne en 2018. Ernst & Young lui octroiera le Grand Prix de l’Entrepreneur d’EY des Prairies en 2007 et l’Université d’Ottawa lui décernera un doctorat honorifique en 2015. Ian Telfer est également membre du Cabinet de leadership stratégique de l’École Telfer et a gracieusement contribué à sa campagne Destination 2020.  

Le don transformateur de 2007 

Ian Telfer et le doyen Stéphane Brutus à la Place TD lors du Match Panda 2022Telfer : ce nom vous dit quelque chose? L’École de gestion Telfer est fière de partager le patronyme de cet homme d’affaires remarquable qui, en 2007, a marqué l’histoire de notre établissement en lui faisant un don de 25 millions de dollars, le plus gros montant jamais versé à une école de commerce canadienne, qui en plus est par un diplômé. Depuis, ce philanthrope a versé à l’École 2 millions de dollars supplémentaires en 2015. En 2022, 15 ans après son don transformateur, il a commémoré l’occasion en apportant sa pièce en or de 22 lb, d’une valeur de 750 000 $, pour procéder au traditionnel tirage à pile ou face du match Panda 2022. Ce montant est équivalent à la somme qu’il a par la suite donnée à l’École. Depuis 2007, Ian Telfer parraine des bourses d’études pour les étudiantes et étudiants de Telfer ayant de faibles notes, en clin d’œil aux mauvaises notes qu’il a lui-même obtenu à l’université. 

Nombreux sont les bénéficiaires de sa générosité, à commencer par la Lions Gate Hospital Foundation en Colombie-Britannique, où vit la famille Telfer depuis des décennies. Depuis des années, Ian Telfer et sa femme, Nancy Burke, donnent à l’école Collingwood de West Vancouver, à l’aquarium de Vancouver, au Goldcorp Centre for the Arts de l’Université Simon Fraser ainsi qu’à la Fondation Olympiques spéciaux Canada, dont il a par ailleurs été président. En 2014, il a versé pas moins de 500 000 $ à la Princess Margaret Cancer Foundation.  

En hommage à son incroyable réussite, son remarquable esprit philanthropique et son soutien phénoménal à notre école, nous avons l’honneur de décerner à Ian Telfer la médaille R. Trudeau en reconnaissance du soutien continu et sans précédent de Telfer à l'École. Il s'agit de la plus haute distinction qu'un diplômé puisse recevoir de la part de l'École de gestion. Le prix a été créé en 1989 en l'honneur du directeur du commerce de l'Université d'Ottawa, Roland Trudeau, qui a servi l'École pendant 15 ans. Ce prix récompense des contributions exceptionnelles au monde des affaires, à la communauté et à l'École, ainsi qu'un leadership et un esprit d'initiative remarquables. Nous décernons cette médaille à Ian en même temps que le prix Meritas Tabaret de l'Université d'Ottawa.   

Nous avons rencontré Ian Telfer lors d’une entrevue exclusive pour nous entretenir avec lui du secteur brillant d'exploitation minière de l'or, du rôle que son réseau de contacts a joué dans sa réussite professionnelle et de ses lectures du moment.  

Ian Telfer : « Mon MBA de l'Université d'Ottawa a changé ma vie »

Le petit Ian n’a que deux ans lorsque la famille Telfer quitte Oxford, en Angleterre, pour s’établir au Canada. Son père, un Écossais, travaillait comme pilote dans la Royal Air Force avant de devenir comptable. Sa mère, une Canadienne, est institutrice. La famille s’installe d’abord à Moose Jaw (Saskatchewan), où est née la mère d’Ian, avant d’emménager à Toronto, où il grandira et fera ses études.  

Admis à l’Université de Toronto « de justesse » parce qu’il a échoué sa 13e année, le futur entrepreneur obtient son baccalauréat ès arts en science politique et économie en 1968. « Après avoir obtenu mon diplôme de l’Université de Toronto, j’en ai arraché pendant cinq ans, ajoute-t-il en entrevue. Et puis je suis entré à l’Université d’Ottawa et c’est là que ma vie a commencé à prendre son sens. »  

Pendant ces cinq années, Ian Telfer vend des polices d’assurance-vie, des produits pharmaceutiques et même des livres d’université, mais cet entrepreneur en herbe ne se sent pas à sa place : « Je détestais mon boulot. Je détestais ma vie. » Il sent un vent de changement souffler et décide alors de quitter son travail pour retourner aux études et poursuivre sa passion pour les affaires et l’entrepreneuriat, des domaines qui l’ont toujours attiré. Toutefois, les choses ne sont pas être si simples.  

À cause de ses mauvaises notes au baccalauréat, aucun programme de MBA au pays ne veut l’accepter, même celui offert à l’Université d’Ottawa (lorsque l’École de gestion Telfer se nomme encore la Faculté des sciences de la gestion).  

Le hasard fait bien les choses. L’Université d’Ottawa communique avec lui à peine deux jours avant le début des cours pour lui offrir la toute dernière place disponible dans le programme (non sans lui préciser qu’il s’agit des « pires notes jamais obtenues par un étudiant admis au cycle supérieur »). Pour lui, cette admission « a tout changé ». Acceptant de relever le défi, il travaille dur et décroche même une bourse au cours de son MBA. 

De son passage à l’École, Ian Telfer conserve un souvenir agréable et empreint de gratitude : « À l’Université d’Ottawa, j’ai fait des études commerciales, un sujet qui me captivait, auprès de gens issus du secteur public aussi bien que du secteur privé. Nous avions beaucoup d’intérêts communs à discuter. Le corps professoral était là avant tout pour nous enseigner, mais aussi pour nous encadrer et nous motiver : exactement ce qu’on attend d’un programme d’études supérieures. En tout cas, la formule a très bien fonctionné pour moi. »  

Si ce programme de MBA a propulsé Ian Telfer dans le monde des affaires, son parcours n’aura pas été un long fleuve tranquille. Il débutera même sur une mer houleuse.  

Faux départs, épreuves et tribulations : les débuts professionnels de Ian Telfer 

Ian Telfer et un groupe de personnes portant des casques de sécurité posent à GoldCorpAvant de remporter un succès durable, cet entrepreneur connaîtra des débuts de carrière mouvementés : éclatement de la bulle Internet, faillite et effondrement du cours de l’or.  

Un coup de pouce du destin vint encore une fois changer les choses. Dans une entrevue datant de 2011, Ian Telfer confiait, à propos de sa carrière : « La réussite financière, c’est comme la foudre. C’est le pur fruit du hasard. Beaucoup de gens ont d’excellentes idées et ne ménagent pas leurs efforts pour parvenir à leur but, mais les astres doivent aussi être alignés. » Il faudra un moment avant que les astres s’alignent pour lui et que débute sa ruée vers l’or, mais c’est à partir de son admission de dernière minute au MBA de l’Université d’Ottawa que le vent tournera. 

Son diplôme en poche, Ian Telfer suit les traces de son père en obtenant le titre de comptable agréé. Ainsi outillé, il fait ses débuts dans le domaine en tant qu’analyste financier à la Hudson Bay Mining (HBM), où il se familiarise avec les rouages du métier. Là encore, c’est un heureux hasard qui éveillera chez lui un intérêt durable pour le secteur minier.  

Quelques années passent et Ian Telfer nourrit toujours un intérêt tenace pour l’entrepreneuriat, mais il brûle maintenant de quitter le domaine de l’expertise comptable sans avoir réellement de plan à long terme. Toutefois, de tous les métaux précieux qu’il a été amené à manipuler à la HBM, quelque chose dans l’or, en particulier, a enflammé son esprit entrepreneurial. Dans une entrevue de 2005, il déclarera : « L’or a cela d’unique qu’il a une qualité émotionnelle. Et puis les actions aurifères se négocient à de bien meilleurs taux que n’importe quelles autres, tout dépendant des revenus, des gains et de la durée de vie de l’entreprise. Ça me plaît. »  

En 1983, l’entrepreneur devient PDG de sa toute première entreprise, TVX Gold, qu’il fonde avec des collègues de la HBM. Il s’installe alors à Rio de Janeiro, au Brésil, pour profiter de la ruée vers l’or qui s’est emparée de l’Amérique du Sud dans les années 1980. Il y restera six ans.  

L’homme d’affaires revient alors au pays avec sa femme et ses deux jeunes enfants et finit par céder TVX Gold lors d’une opération de fusion avec une autre société minière. Dans les années 1990, il met sur pied sa deuxième entreprise, Vengold Inc., mais sitôt après avoir acheté des actions aurifères auprès du gouvernement de Papouasie–Nouvelle-Guinée, le cours de l’or s’effondre et l’entreprise se retrouve avec plus de dettes qu’elle ne possède de capitaux propres. Heureusement, l’entrepreneur profitera d’une brève hausse du cours de l’or pour rembourser ses dettes aux banques, mais il ne restera de l’entreprise qu’une coquille; une coquille valant tout de même 30 millions de dollars. À l’aube du nouveau siècle, l’homme d’affaires profite de la vague Internet et transforme Vengold en accélérateur d’entreprises en ligne. Mais comme veut le dicton, tout ce qui brille n’est pas or. L’entreprise est un échec et fait faillite en 2001, à la suite de l’éclatement de la bulle Internet.  

Le « parrain de l’orpaillage »  

Ian Telfer n’est pas homme à abandonner, et son amour pour l’exploitation aurifère est toujours aussi vif. Bien qu’il soit contraint de vendre sa maison à West Vancouver et d’emménager dans un logement à loyer avec sa jeune famille, cette brève incursion dans le monde technologique ne l’a pas découragé. Au contraire, lorsqu’une autre occasion se présente à lui cette année-là, il s’empresse de l’accepter en s’associant à un financier du secteur minier, Frank Giustra, et fait son retour sur le marché de l’or en acquérant la Wheaton River Minerals, dont il sera PDG pendant trois ans. Au cours de cette période, l’entreprise passera d’une valeur de 10 millions de dollars à 2,4 milliards grâce à plusieurs achats stratégiques de mines d’or et à un heureux rebond du cours de l’or.  

Ian Telfer en couverture du magazine BC BusinessEn 2004, à l’apogée de son succès, la Wheaton River est absorbée par la société Goldcorp à la suite d’une fusion. Ian Telfer est alors nommé PDG de la nouvelle entité, poste qu’il occupera deux ans jusqu’à ce qu’une autre fusion en fasse la troisième société aurifère en importance du monde. Il troquera alors le titre de PDG pour celui de président. À un moment de sa carrière, la Goldcorp atteindra une valeur de 50 milliards de dollars et deviendra alors la société aurifère la mieux cotée en bourse. L’homme d’affaires se souvient qu’à ses débuts, Wheaton River n’employait que six personnes et qu’après sa fusion avec la Goldcorp, elle en employait 20 000. Au cours de cette période, il assumera également les fonctions de directeur à la Silver Wheaton Corp, dont il chapeautera la séparation de la subdivision argentifère.  

L’aventure se poursuit en 2006, avec UrAsia Energy, une entreprise spécialisée dans la production d’uranium qu’il crée en tandem avec son partenaire financier, Frank Giustra. Ian Telfer en est le président, titre qu’il conservera après avoir fusionné la société avec un autre chef de file de l’industrie. Entrepreneur hardi, Ian Telfer prendra aussi part au lancement de Primero Mining, Peak Gold, Terrane Minerals et Tahoe Resources. Pour couronner le tout, il cofondera en outre la Renaissance Oil Corp, dont il demeure à ce jour le directeur et le principal actionnaire, en plus de présider le World Gold Council de 2009 à 2013.  

Lors de son intronisation au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne, on a projeté une courte vidéo où il se décrivait comme « un gold bug, un chercheur d’or subjugué par les qualités de ce métal mythique », comme une personne qui ne craint pas l’échec et adore mettre au monde des entreprises.  

Partager le butin : l’objectif qui le motive à continuer 

On comprend aisément que la carrière illustre de Ian Telfer et ses décisions commerciales stratégiques ont fait de lui un multimillionnaire. Cela dit, pour cet entrepreneur ambitieux qui a enduré son lot d’épreuves, il n’y a pas que l’argent dans la vie. Des raisons plus altruistes le motivent à poursuivre ses activités dans le secteur aurifère. D’abord, il est fier de travailler dans un domaine où le Canada est un chef de file : « Le Canada est respecté dans le monde entier pour son expertise et sa réglementation en exploitation minière. Elles sont rares, les industries où notre pays se trouve en tête de peloton de la concurrence internationale, fait-il observer. Quand j’ai commencé dans le métier, je n’avais pas pensé à ça, mais pour avoir travaillé en Australie, au Chili, en Papouasie–Nouvelle-Guinée et aux États-Unis, je me suis rendu compte que notre nation apporte la technologie minière, l’instruction et la connaissance dans des pays en voie de développement et des régions éloignées, ce qui lui vaut la plus haute estime de gouvernements aux quatre coins du monde », ajoute-t-il. 

Si l’avènement de technologie dans l’industrie minière fait partie de l’ordre des choses, ce qui inspire Ian Telfer, ce sont l’éducation et le partage des ressources. « Ça fait quarante ans que je construis des mines dans des pays développés et en développement, et j’ai fini par constater qu’une exploitation minière bien organisée et bien gérée produit énormément de retombées dans les régions éloignées. »  

L’entrepreneur s’attache autant au développement économique de la région et du pays où il mène ses activités qu’aux résultats de celles-ci. « Construire des mines, c’est aussi construire des hôpitaux et des écoles, des églises et des routes, des logements, des réseaux électriques et des aqueducs. J’adore cette partie de mon travail », confie-t-il. Heureux des retombées que ses entreprises peuvent produire sur les communautés locales, Ian Telfer fait toujours passer le développement économique en premier.  

« Pour ne citer que cet exemple, quand j’ai visité pour la première fois le site de la mine en Papouasie–Nouvelle-Guinée, il n’y avait qu’une cabane sur une île isolée, se souvient l’entrepreneur. Après avoir trouvé de l’or et développé la mine, nous avons réinvesti un milliard dans la communauté. Sur l’île, il y a maintenant un tout nouveau village, un aéroport et des routes, autant de choses qui ont nettement amélioré la qualité de vie des gens qui y vivent et y travaillent. » En quarante ans de carrière, il y en aurait des histoires comme celle-là à raconter : entre 2002 et 2019, Goldcorp a fait don de plus de 100 millions de dollars à des causes caritatives sous la gouverne de Ian Telfer. L’entrepreneur n’aurait pu avoir un tel impact sans le soutien de tous ces gens qu’il a croisés au cours de sa carrière. En effet, son réseau de relations a joué un rôle non négligeable dans son succès.  

L’importance du réseautage dans cette histoire de réussite 

IIan Telferan Telfer a mené à bien maintes opérations de fusion et d’acquisition. Il a dû prendre rapidement des décisions, gagner la confiance des actionnaires et trouver des investisseurs pour ses multiples entreprises. Si son sens inné des affaires l’a certainement aidé, son charisme naturel n’y est assurément pas étranger non plus. « Les contacts, c’est beaucoup plus important que les gens ne le croient », affirme-t-il. Se remémorant la période où il a vécu au Brésil, il cite une expression qu’il a apprise là-bas : « Les affaires, ça se conclut entre personnes. »  

« Quand on parle de fusions et d’acquisitions dans les journaux, on parle de chiffres. C’est important les chiffres, mais en fin de compte, les affaires se brassent entre personnes », avance-t-il. « J’ai adoré travailler avec d’autres sociétés minières. Elles me faisaient confiance, elles me considéraient comme un partenaire de financement. L’exploitation minière est une activité risquée, alors les coentreprises sont très courantes dans le domaine, et j’en ai mené plusieurs avec les cinq plus grandes sociétés minières du monde. Nous nous respections, nous avions de bons rapports. » Ian Telfer vous dira que le secret de la réussite, c’est d’entretenir la confiance, de traiter décemment les gens et de cultiver ses relations.  

Une figure marquante de l’histoire de l’École de gestion Telfer 

Épinglette sur la boîte de la médaille R. Trudeau de Ian TelferAprès avoir littéralement creusé le filon de l’exploitation aurifère et en avoir récolté les fruits, l’homme d’affaires décide qu’il est temps de redonner à l’établissement « qui a tout déclenché ». Ce chapitre de notre histoire commence par un appel spontané de l’École. Nous sommes dans les années 1990, et on demande à Ian Telfer s’il aimerait aider à constituer un fonds de dotation pour financer une bourse en son nom. Il accepte, à condition que cette bourse soit décernée à une étudiante ou un étudiant du MBA ayant les notes les plus faibles.  

Puis en 2005, inspiré par le programme télévisé The Apprentice, Ian décide d’inviter un étudiant du MBA de l’Université d’Ottawa à devenir son apprenti à la Goldcorp sous sa présidence. Ce programme d’apprentissage exécuté pendant deux ans ne sera qu’une des premières largesses qu’il accordera à l’Université, et ses deux « apprentis » travaillent d’ailleurs encore aujourd’hui dans l’industrie minière.  

C’est en 2007 que survient un événement qui changera le cours des choses : « Après quelques discussions, le doyen de l’époque – Micheál Kelly – m’a contacté pour me dire que l’École cherchait un mécène et me demander si j’étais intéressé. Évidemment, j’étais flatté, mais j’étais loin d’avoir les moyens de donner mon nom à une école », blague-t-il avec son humour usuel en se remémorant cette discussion qui remonte à seize ans.  

Puis un jour, les pièces du puzzle se mettent en place. Ian Telfer peut enfin redonner à l’établissement qui lui a donné sa chance de percer dans le métier; il lui verse alors un don transformateur de 25 millions de dollars. Depuis, notre école de gestion porte le nom de Telfer en l’honneur de ce diplômé et habile homme d’affaires. « J’ai envoyé mon dossier à toutes les écoles de gestion du Canada et toutes m’ont fermé la porte au nez. Jusqu’à ce que l’Université d’Ottawa me recontacte. Je pense que ce n’est un secret pour personne que j’avais de mauvaises notes au baccalauréat, et nous avons pensé que ça ferait une bonne histoire », ajoute-t-il. 

Dans une entrevue accordée à l’Université d’Ottawa, l’homme nous parle aussi de l’importance que cet acte revêt à ses propres yeux : « Ce don, c’est parmi les choses les plus importantes que j’ai faites de ma vie, notamment parce que ça m’a permis de rencontrer beaucoup de gens et d’apprendre d’eux, note-t-il. Ça a donné un bon coup de main à l’École. Au fond, la formule n’a fait que des gagnants. Je ne répéterai jamais assez à quel point cette expérience a été positive. » 

À ce jour, Ian Telfer a versé à l’École plus de 30 millions de dollars que celle-ci utilise pour bonifier l’expérience étudiante et financer des bourses. 

Redonner : une évidence pour cet homme d’affaires 

Encore aujourd’hui, Ian Telfer continue d’appuyer activement l’École de gestion. Avec sa femme, Nancy Burke, il se dévoue aussi aux causes de la santé et des arts. Dans une entrevue de 2011, il a affirmé que parce qu’il ne s’attendait pas à une telle réussite financière, le fait de céder un gros pourcentage ne lui semblait pas un si grand sacrifice.  

Au fil des ans, la famille Telfer a donné généreusement à l’école Collingwood, à la Lions Gate Hospital Foundation, à la Vancouver Playhouse et à maintes causes artistiques et culturelles. En 2022, Ian Telfer et sa femme ont versé sept millions à la Faculté de musique de l’Université de Toronto en l’honneur du frère décédé de l’homme d’affaires, Jay Telfer, qui était scénariste et musicien. Le couple a également mis sur pied la Fernwood Foundation, dédiée à la santé et à l’éducation et nommée en l’honneur de la première rue de Toronto sur laquelle ils ont habité. 

« Il existe une infinité de causes qui méritent d’être défendues. On choisit généralement celles qui nous touchent de près, que le lien soit personnel ou qu’il se rattache à un lieu », explique le magnat lorsqu’on le questionne sur sa philosophie de la philanthropie.  

Leçons tirées de 50 années à fréquenter les hautes sphères des affaires 

Ian Telfer lors de la cérémonie de remise du prix Meritas TabaretIan Telfer veut bien dispenser quelques conseils aux étudiantes et étudiants actuels de Telfer. D’abord, écoutez votre instinct : si vous sentez que vous n’êtes pas à votre place et que vous pensez à changer de carrière ou de ville, foncez. « Quand on est jeune, on a tendance à écouter nos proches, les spécialistes, les gens qui brillent autour de nous. On ignore nos émotions et on sous-estime nos capacités. » Il faut faire confiance à son intuition et rechercher ce qui nous fait vibrer.  

L’homme d’affaires poursuit en employant l’une de ces expressions de son cru : « un signal d’alarme ne s’éteint pas tout seul ». Il cite un exemple courant dans le monde de la gestion : lorsqu’une entreprise consacre beaucoup de temps et d’argent pour embaucher et former une personne et qu’un signal d’alarme se fait entendre, il arrive souvent que l’entreprise conserve cette personne parce qu’elle a déjà investi en elle et ne peut admettre avoir commis une erreur. La direction croit qu’à force d’encadrement, de motivation et d’incitatifs, elle pourra amener la personne à changer son comportement alors que toute tentative est vouée à l’échec dès le départ. Vient un moment où il faut s’en séparer et tout le monde en souffre : la personne elle-même, qui a perdu son temps en travaillant dans la mauvaise organisation, mais aussi l’entreprise, qui a gaspillé ses ressources en embauchant la mauvaise personne. « Quand quelque chose semble aller de travers, même un peu, il ne faut pas en rester là, ajoute-t-il. Les signaux d’alarme finissent toujours par s’accumuler. Il faut agir sur-le-champ. »  

Un livre par semaine et plus de 100 pays

Si l’homme d’affaires a appris d’innombrables leçons au cours de ses cinquante ans de carrière, il continue d’apprendre des autres par la lecture. Bibliophile et lecteur avide, il est réputé pour lire un livre par semaine. « Je lis beaucoup. Peu de fiction, surtout des récits de succès et d’échec. Des ouvrages sur les débuts de telle ou telle entreprise, les personnes qui l’ont fondée, les causes de sa réussite. Que ce soit Uber, Netflix ou WeWork, j’apprends quelque chose de chacune d’elles. » En ce moment, l’entrepreneur à la semi-retraite lit sur l’histoire d’HBO après avoir terminé un ouvrage sur la créativité du producteur de musique Rick Rubin, The Creative Act: A Way of Being, qu’il recommande à quiconque voudrait concrétiser un projet et surmonter le syndrome de la page blanche.  

Ian Telfer pose avec sa familleIan Telfer a eu la piqûre du voyage en fondant sa première entreprise sous le soleil brésilien, il y a quarante ans. Depuis, il a visité plus de 120 pays et entend bien ne pas en rester là. Il se plaît à observer la façon dont les pays sont gouvernés et les gens traités : « Après avoir vu 124 pays, le Canada me paraît plus enviable que jamais. Ça me contrarie qu’autant de Canadiennes et Canadiens ne se rendent pas compte de leur chance. Nous avons une chance incroyable d’avoir les gouvernements et les lois que nous avons. »  

Quelle serait, selon lui, la destination vacances incontournable? Sans contredit un safari en Afrique. « J’ai visité tous les lieux touristiques du monde, mais je n’ai jamais vécu une expérience aussi viscérale que celle-là. Je me suis senti reconnecter avec nos racines communes », affirme-t-il. L’entrepreneur prévoit de retourner dans quelques pays en Afrique dès cet automne. Entretemps, il explore de nouvelles occasions d’investissement, continue à travailler, fait du tourisme et de la lecture, profite du temps passé en famille et pratique le golf.  

Pour conclure notre entretien, Ian Telfer tient à remercier Nancy, la femme qui le soutient dans sa carrière de chef d’entreprise depuis 47 ans, celle qui lui a donné deux enfants qui, à leur tour, leur ont donné six petits-enfants. En guise de dernier conseil, l’entrepreneur souhaite à chacun et chacune de trouver ce même genre d’amour : « Si vous rencontrez quelqu’un dans la vingtaine et que vous êtes toujours ensemble cinquante ans plus tard, c’est une simple question de chance. À vingt ans, on ne connaît pas grand-chose à la vie. Si on arrive à tomber sur une personne avec qui on pourra grandir, je pense que c’est un pur miracle. J’encourage tout le monde à rechercher ce genre d’amour, et à suivre son intuition. »  

L’École de gestion Telfer ne pourrait être plus fière de compter Ian Telfer parmi sa communauté diplômée. Nous brûlons d’impatience de poursuivre notre collaboration et de voir où l’aventure entraînera encore le « parrain de l’orpaillage ».  

Au sujet de l'autrice ou de l'auteur

Jeune diplômée du programme de baccalauréat en sciences commerciales spécialisé à l’École de gestion Telfer, Sonya Gankina a déjà amorcé sa carrière en tant que consultante et rédactrice en marketing numérique. Ses trois années d’expérience en agence cumulées pendant ses études l’ont aidée à fonder sa propre entreprise, où elle travaille avec de petites boîtes de la région comme de vastes sociétés au Canada et aux États-Unis. On peut la lire dans plusieurs publications de renom, et dans un blogue sur les arts et la culture à Ottawa. <br><br>Sonya Gankina is a recent graduate from the Honours Bachelor of Commerce program at the Telfer School of Management and has already begun her career as a consultant and writer in digital marketing. Armed with three years of agency experience earned while completing her studies, she has established her own business working with local businesses and large enterprises in Canada and the United States. She’s been featured in numerous respectable publications and also writes for an arts and culture blog in Ottawa.

Profile Photo of Sonya Gankina