Arrimer la théorie et la pratique par la recherche et l’enseignement
Evelyn Micelotta, professeure agrégée et boursière professorale Desmarais en entreprises familiales à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa, propose aux candidates et candidats au MBA pour cadres une expérience d’apprentissage transformateur, en jetant des ponts entre la théorie et la pratique.
Une carrière au confluent du savoir théorique et de la recherche
La professeure Micelotta a toujours eu soif d’apprendre. En Italie, son pays natal, elle a obtenu une maîtrise ès sciences de l’École polytechnique de Milan avant d’entreprendre un doctorat en ingénierie de gestion.
Pendant son doctorat, elle a eu l’occasion de partir cinq mois au Canada pour observer les différents styles d’études théoriques et de recherche dans plusieurs établissements. C’est alors qu’elle a rencontré les professeurs Michael Lounsbury et Royston Greenwood, qui l’ont encouragée à pousser plus loin sa formation universitaire. Portée par un désir d’amélioration continue, elle a obtenu un deuxième doctorat (à l’Université de l’Alberta), axé sur la publication en libre accès et la diffusion du savoir issu de la recherche universitaire.
Après avoir enseigné durant cinq ans à l’Université du Nouveau-Mexique, la professeure Micelotta est revenue au Canada pour intégrer le corps professoral de l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa.
Quand la recherche donne naissance à des théories
Chercheuse qualitative, la professeure Micelotta s’inspire des problèmes pratiques des organisations. À partir de cas réels, elle élabore des théories entièrement inédites. Elle explore actuellement l’influence des facteurs institutionnels et organisationnels sur la responsabilité sociale des entreprises – ou leur irresponsabilité.
La professeure Micelotta s’intéresse également aux entreprises familiales. Elle a consacré beaucoup de temps et d’efforts à l’étude de ce type bien particulier d’entreprises. Sous la loupe de théories organisationnelles, elle observe les mécanismes permettant aux entreprises familiales de survivre et de prospérer dans leur environnement. Dans une récente publication, elle prône une approche plus intégrée de l’étude des entreprises familiales et de la théorie des organisations.
Outre ses activités d’enseignement et de recherche, la professeure Micelotta est rédactrice en chef adjointe de deux revues savantes, soit Family Business Review (publiée par le Family Firm Institute) et Organization Studies, la revue du Groupe européen pour les études organisationnelles (EGOS). Elle siège également aux comités de lecture de plusieurs autres revues savantes. À l’École de gestion Telfer, elle représente sur le terrain le programme de doctorat en entrepreneuriat, en plus de diriger les recherches de doctorantes et doctorants et de siéger à plusieurs comités internes. Ces trois dernières années, elle a été membre d’un comité du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada.
L’application de la théorie à des cas réels
Depuis trois ans qu’elle enseigne au programme de MBA pour cadres de Telfer, la professeure Micelotta crée un contexte d’apprentissage dynamique et décontracté dans sa classe. Dans le cours de stratégie qu’elle donne, elle stimule les conversations et encourage les participantes et participants à parler de leur réalité professionnelle et à considérer chaque information à travers leur propre expérience.
En faisant appel à la réflexion critique, elle applique des concepts complexes à des problèmes pratiques, créant ainsi des liens entre la théorie et le concret. Elle explique :
La théorie est utile pour cerner les tenants et les aboutissants d’un problème pratique. Il est important de savoir quelle théorie devrait être appliquée pour résoudre un problème particulier. Dans mes cours, j’explique comment et dans quels cas on peut appliquer efficacement des concepts et des cadres, puis je présente différents scénarios illustrant des situations où ceux-ci ont été utiles ou inutiles. Je crée un milieu d’apprentissage axé sur la participation, qui stimule la réflexion critique (par exemple, ai-je appliqué la bonne stratégie dans telle situation?) et renforce les compétences décisionnelles.
- Professeure Evelyn Micelotta
Le leadership en contexte d’incertitude : un apprentissage complexe
La professeure Micelotta soutient que le plus difficile pour les cadres, c’est d’apprendre à composer avec l’incertitude. Les leaders doivent être en mesure de prendre des décisions sans avoir toutes les informations en main, puisque ce genre de situation arrive souvent.
Même sans boussole, les personnes occupant des fonctions de direction doivent pouvoir garder le cap. En outre, elles doivent être prêtes à modifier la trajectoire si leur décision fait dévier l’entreprise de ses objectifs.
« C’est une aptitude aussi difficile à enseigner qu’à acquérir », souligne la professeure Micelotta. En classe, elle anime des discussions à partir de divers scénarios concernant des entreprises de différents pays, secteurs et domaines. Cette méthode amène les cadres à aiguiser leur esprit critique et à prendre confiance en leur capacité de composer avec l’incertitude.
Des leçons plus vraies que nature au cœur de la Silicon Valley
Le deuxième cours de la professeure Micelotta, Innovation et entrepreneuriat, repose sur le travail d’équipe et se donne en parallèle avec l’un des six projets de consultation du programme de MBA pour cadres. Voilà notamment ce qui fait la particularité du programme et permet aux personnes participantes d’apprendre par l’expérience dans des situations réelles.
Dans le cadre du projet de consultation, les équipes mettent en pratique les connaissances acquises en se penchant sur le cas d’une entreprise de la Silicon Valley. « Ce n’est pas qu’un simple exercice, c’est une plongée dans le monde des services-conseils, précise la professeure. Les étudiantes et étudiants acquièrent des connaissances sur la question qui est au cœur du projet, mais perfectionnent aussi leur leadership dans le cadre de négociations avec le client et en motivant leur équipe. Au terme des 20 mois que dure le programme, les diplômées et diplômés en ressortent grandis, sur le plan tant personnel que professionnel. » La professeure Micelotta tire une immense fierté des progrès et de la réussite de ses étudiantes et étudiants, qui parfois créent leur propre entreprise par la suite.
Elle note cependant qu’il circule bien des idées fausses sur le travail d’équipe dans le monde des affaires. Bon nombre de cadres commencent le programme avec la certitude de posséder toutes les qualités requises pour collaborer efficacement avec leurs collègues, avant de découvrir la dynamique complexe d’une équipe, notamment les différences de personnalité et de culture, et la difficulté d’équilibrer travail, études et obligations familiales. C’est justement pour stimuler la croissance personnelle et professionnelle que le MBA pour cadres est axé sur le travail d’équipe.
Une passion hors du milieu universitaire
En dehors de ses activités universitaires, Evelyn Micelotta est passionnée de dessins animés japonais. Enfant, elle adorait ce style d’animation et a ainsi développé un intérêt marqué pour les mangas, accumulant une impressionnante collection qu’elle prend plaisir à relire chaque fois qu’elle revient chez ses parents, en Italie. Sa passion d’enfance s’est muée en fascination pour le Japon. Elle espère un jour visiter le pays pour s’immerger dans sa culture. Sous l’influence des mangas, dont les histoires révèlent les nuances des émotions humaines, elle a pris conscience de l’importance de l’empathie dans toutes les sphères de sa vie.