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Promotion de la santé mentale et de l’égalité des genres au travail

Des travailleuses et travailleurs du savoir en bonne santé

Pour avoir une vie professionnelle gratifiante et productive, les employés doivent avoir une bonne santé mentale. La dépression, les troubles anxieux et autres problèmes de santé mentale influent parfois sur notre rapport aux autres et notre fonctionnement. Au travail, les problèmes de santé mentale peuvent aussi nuire aux relations interpersonnelles et à la capacité d’être productif.

« Les problèmes de santé mentale peuvent être particulièrement problématique pour les personnes qui travaillent dans des secteurs axés sur les connaissances, comme la santé, l’enseignement ou les finances, des secteurs où l’acuité mentale des professionnels est capitale pour pouvoir fournir des services axés sur le savoir à leurs clients, patients et étudiants » explique Ivy Bourgeault, professeure à l’École de gestion Telfer et titulaire de la Chaire de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sur le genre, le travail et les ressources humaines en santé.

De ce fait, beaucoup de travailleurs de ces secteurs qui ont des problèmes de santé mentale sont obligés de se mettre en congé-maladie ou de souffrir en silence, par crainte de la stigmatisation ou de réactions défavorables dans leur milieu de travail. Dans les deux cas, il peut y avoir des conséquences graves pour les employés, les organisations et l’économie.  Selon un rapport préparé en 2015 pour la Commission de la santé mentale du Canada,, chaque année, une personne sur cinq souffre de problèmes de santé mentale au Canada, le coût estimé pour l’économie s’élevant à plus de 50 milliards de dollars.

Le premier projet de recherche interdisciplinaire et collaboratif consacré à la santé mentale au travail au Canada

Il est essentiel de promouvoir la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail dans les domaines de la santé, de l’enseignement et des finances compte tenu du rôle important des professionnels dans la création de connaissances, l’encouragement de l’innovation et le développement de l’économie. Comprenant combien c’est important, la professeure Bourgeault a lancé un programme de recherche interdisciplinaire et collaboratif intitulé « Healthy Professional/Knowledge Workers: Examining the Gendered Nature of Mental Health Issues, Leaves of Absence & Return to Work Experiences from a Comparative Perspective ». 

La professeure Bourgeault et une équipe de 21 chercheuses et chercheurs d’universités canadiennes et britanniques, dont Laurent Lapierre et Darlene Himick, professeurs à l’École Telfer, étudieront comment des travailleurs et travailleuses du savoir vivent les problèmes de santé mentale au travail, ce qui les motive pour continuer de travailler ou négocier un congé de santé mentale, et comment ils reviennent au travail après un congé de ce type. Les chercheurs travailleront en collaboration avec au moins 30 organisations non-universitaires représentant un large éventail d’associations professionnelles, syndicats, organismes de réglementation et organismes gouvernementaux au Canada.


Professor Ivy Bourgeault

L’équipe de la professeure Bourgeault a reçu une subvention de partenariat de 1 425 000 $ pour son projet sur la santé mentale en milieu de travail. La subvention a été accordée dans le cadre de Santé et productivité au travail, une initiative conjointe des Instituts canadiens de recherche en santé (IRSC) et du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH).

« Ce succès de la professeure Bourgeault témoigne clairement de l’importance et de l’impact de la recherche réalisée par les chercheurs de l’École Telfer. Avec cette subvention de partenariat, la professeure Bourgeault et l’équipe de recherche contribueront au marché du travail et à la société canadienne en aidant les décideurs publics et les organisations à mieux promouvoir la santé mentale et l’égalité des sexes au travail au Canada » dit François Julien, doyen de l’École de gestion Telfer.

Congés de santé mentale et retour au travail : y a-t-il des dIFFÉRENCE ENTRE LES GENRES ?

Il y a une absence flagrante de recherches sur les différences de vécu en matière de santé mentale selon qu’on est une travailleuse ou un travailleur du savoir. D’après les résultats préliminaires de l’équipe de recherche, il existe des différences : les travailleuses du savoir rapportent davantage d’absences et des niveaux perçus de stress, en général et au travail, plus élevés que leurs homologues masculins. Pour mieux comprendre le comment et le pourquoi de ce phénomène, l’équipe de la professeure Bourgeault étudiera, en se concentrant sur la différence entre les sexes, le vécu des travailleuses et travailleurs du savoir en matière de santé mentale qui :

1) continuent de travailler malgré d’importants problèmes de santé mentale : Quels sont les principaux facteurs qui empêchent des travailleuses et travailleurs du savoir de prendre un congé? Est-ce que les hommes et les femmes qui travaillent dans ces professions utilisent différemment les systèmes de soutien et les ressources de leur organisation en matière de santé?

2) prennent un congé de santé mentale : Quels sont les principaux facteurs qui amènent les travailleuses et travailleurs du savoir à prendre un congé de santé mentale? Est-ce que les hommes et les femmes vivent de la même manière les démarches pour envisager/négocier un congé? Rencontrent-ils ou non les mêmes conflits au travail une fois qu’ils ont décidé de prendre un congé?

3) reviennent au travail après un congé de santé mentale :  Que se passe-t-il lorsque les travailleuses et travailleurs du savoir reprennent le travail après un congé de santé mentale? Les hommes et les femmes sont-ils motivés par des facteurs différents?  

Aider les responsables des politiques et les dirigeants à promouvoir la santé mentale au travail

En comparant l’expérience des travailleuses et des travailleurs du savoir ayant vécu des problèmes de santé mentale, l’équipe de recherche vise à cerner, à évaluer et à mettre en œuvre des interventions fondées sur des données probantes afin de promouvoir la santé mentale au travail.

De plus, le but ultime de l’équipe de recherche est d’éclairer et d’influencer les décideurs publics et les organisations dans l’élaboration de politiques, de pratiques et de programmes efficaces et équitables qui pourront à la fois atténuer les conséquences négatives liées aux questions de santé mentale au travail et réduire l’écart découlant des barrières systémiques que doivent surmonter les travailleuses et travailleurs du savoir à la suite de congés relatifs à la santé mentale et de leur retour au travail.

L’équipe se penchera également sur les façons dont les dirigeants d’organisation peuvent jouer un rôle déterminant dans la promotion de la santé et de la sécurité mentales au travail :

« Les comportements et les styles de leadership des superviseurs et des gestionnaires ont une influence majeure sur la santé mentale au travail, pour ce qui est de prévenir les congés et faciliter le retour au travail des différents travailleurs, mais la recherche montre aussi que ces dirigeants se heurtent parfois à diverses contraintes procédurales et organisationnelles », explique la professeure Bourgeault.

Les interventions que proposera l’équipe de recherche pourraient aider les dirigeants d’organisations à surmonter ces obstacles et à mieux soutenir leur personnel aux prises avec des problèmes de santé mentale.