Mieux comprendre le marché financier : rencontre avec le nouveau professeur Adelphe Ekponon
Adelphe Ekponon a été embauché cet été à titre de professeur adjoint en finance à l’École de gestion Telfer. Auparavant, ce titulaire d’un doctorat de HEC Montréal était professeur adjoint en finance à l’École de gestion de l’Université de Liverpool. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur ses champs de recherche.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier la finance? Votre intérêt professionnel cache-t-il un intérêt personnel pour ce domaine?
Après avoir terminé mes études en génie en France, j’ai décidé d’aller chercher un diplôme d’études supérieures en finance pour apprendre comment mieux gérer mes projets. J’ai ensuite été embauché par la société d’ingénierie la plus prestigieuse de la Côte d’Ivoire, et je me suis rendu compte que beaucoup de gens n’ont aucune idée de ce qu’est le marché financier. J’ai donc choisi de rédiger mon mémoire de maîtrise sur l’optimisation des portefeuilles à l’aide d’actions cotées sur le marché local pour démontrer à quel point il est facile d’investir sur le marché financier.
En quoi vos études doctorales ont-elles influencé vos recherches actuelles?
En poursuivant ces études, j’espérais avant tout acquérir des connaissances poussées en économie et économétrie et renforcer ma compréhension du monde de la finance et de la statistique. Mon expérience des études quantitatives m’y a beaucoup aidé. Et puis je me suis formé à l’évaluation des actifs financiers, j’ai rédigé ma thèse et je mène maintenant des recherches sur l’incidence qu’ont les conditions (macro)économiques sur la valeur de ces actifs.
Quels nouveaux faits saillants de vos recherches aimeriez-vous nous présenter? Ou avez-vous des projets ou des publications en préparation qui vous animent particulièrement?
Mon équipe et moi, nous avons récemment publié un article dans le Journal of Financial Economics. Nous y démontrons que la conjoncture économique mondiale influe sur la prime d’émission d’obligations d’un pays, laquelle constitue un facteur important dans les recettes nettes des États : plus la prime est élevée et plus le coût d’emprunt et les paiements d’intérêts augmentent. Les recettes publiques s’en trouvent ainsi réduites, et les ressources pour les soins de santé, l’éducation et les infrastructures, entre autres, se font plus rares. Afin de gérer leurs risques financiers, les pays devraient donc assurer une surveillance surtout dans une perspective mondiale, et non locale.
Quelle incidence vos recherches peuvent-elles avoir sur le milieu des affaires au Canada?
Mes travaux visent à démontrer qu’il est possible de mieux comprendre la valeur des actifs lorsque les modèles et les tests empiriques prennent en compte le risque d’un changement soudain des conditions économiques. La Banque du Canada, par exemple, emploie des variables macroéconomiques – le produit intérieur brut, l’inflation et le taux de chômage – ainsi que la valeur des actifs pour décider quand augmenter ou baisser les taux d’intérêt et établir ses politiques monétaires. Si les économistes négligent les risques, nous nous retrouvons avec des actifs surévalués et des bulles spéculatives. À ce stade, il ne nous reste plus qu’à entrer en récession pour corriger la situation, avec l’instabilité économique, l’érosion graduelle des conditions de travail et les autres effets qui l’accompagnent.