Doctorant à l’honneur - Niki Khorasanizadeh
Niki Khorasani a intégré le programme de doctorat en gestion de Telfer en 2019 et se spécialise en entrepreneuriat. Dirigée dans ses travaux par Madeline Toubiana, elle a reçu la bourse de recherche doctorale François-Julien en 2023 et une bourse d’études supérieures de l’Ontario en 2022.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier l’entrepreneuriat?
Je suis ingénieure en environnement et j’ai précédemment participé à des projets qui visaient à gérer les conséquences de l’extraction de ressources. J’ai développé un intérêt pour les concepts tels que le développement durable et l’économie circulaire, qui semblaient s’appliquer de manière globale aux problèmes environnementaux. Je voulais savoir ce qu’implique l’intégration de ces considérations dans les entreprises, surtout au moment de leur fondation. Par conséquent, j’ai décidé de faire un doctorat en gestion avec spécialisation en entrepreneuriat, pour comprendre comment les pratiques entrepreneuriales peuvent tenir compte des enjeux mondiaux.
Sur quoi vos travaux portent-ils?
Mes travaux portent sur la décroissance, un mouvement et domaine d’études selon lequel la croissance économique ne peut continuer d’être perçue comme une panacée dans nos sociétés modernes. Ils établissent un lien entre la décroissance et l’entrepreneuriat, et visent à déterminer si l’on peut fusionner ces idées. J’ai d’ailleurs réalisé une étude qualitative sur l’entrepreneuriat post-croissance qui contribue aux microfondements de la littérature sur les changements institutionnels. Elle explique comment certaines personnes remettent en question l’adhésion systématique au concept de croissance.
Vous avez récemment publié un essai sur la décroissance dans la revue Journal of Management Inquiry. Que faut-il en retenir?
Notre essai, « Panacea or Poisoned Chalice? Considering the Possibilities of Entrepreneurship and Degrowth », avait pour but de susciter une réflexion sur ce que signifie la décroissance pour la recherche en entrepreneuriat. Dans ce texte, nous remettons en question l’entrecroisement actuel de l’entrepreneuriat et de l’idéologie de la croissance. Nous soutenons que cette association n’est pas inévitable si l’on conçoit un nouvel imaginaire social en entrepreneuriat. Est-ce possible? Et quel serait le rôle des universitaires dans la construction de cet imaginaire? Le débat est ouvert.
Quelles pourraient être les retombées de votre recherche sur l’entrepreneuriat au Canada?
Mon étude pourrait mettre en doute les cadres de référence actuellement utilisés pour promouvoir et enseigner l’entrepreneuriat dans les écoles commerciales, les programmes d’incubation et ailleurs. Elle met en lumière une supposition importante qui passe souvent sous silence dans la théorie et la pratique de l’entrepreneuriat : l’idée que la croissance est le seul et unique but de l’entrepreneuriat dans la sphère économique. Cette remise en question comporte des implications intéressantes et d’une grande portée sur les plans théorique et pratique.