L’incidence des politiques de bien-être pour le personnel sur la maturité de la dette des entreprises
Les politiques de bien-être pour le personnel
Afin d’attirer, de former et de conserver le personnel de talent, les entreprises consacrent beaucoup de temps et de ressources à consolider leur relation avec leurs employés. Nombreuses sont les organisations qui espèrent améliorer le bien-être de leur personnel en investissant dans cette relation.
Pour y parvenir, certaines optent pour le développement de politiques de bien-être, comme les contrats aux solides programmes de prestations de retraite, les programmes financiers et l’actionnariat.
« Les études démontrent que, sur le marché concurrentiel actuel, les politiques de bien-être pour les employés permettent aux entreprises de créer des liens durables avec ceux-ci », explique Lamia Chourou, professeure agrégée à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa. « De telles politiques peuvent également donner à ces sociétés un avantage concurrentiel et entraîner de meilleurs résultats financiers », ajoute-t-elle.
Le lien entre la maturité de la dette et les politiques de bien-être pour employés
Si les recherches établissent un lien étroit entre l’investissement dans les employés et de meilleurs résultats financiers, on sait encore peu de choses au sujet de l’incidence des politiques de bien-être sur les décisions portant sur la maturité de la dette, qui sont prises lorsqu’une entreprise choisit entre un emprunt à court terme et un emprunt à long terme. Au moment de prendre de telles décisions, l’engagement de l’entreprise à respecter les politiques de bien-être pour employés aiguille-t-il celle-ci vers des dettes à court ou à long terme?
Il s’agit là d’une des questions qui intéressent la professeure Chourou et un groupe international de chercheurs et de chercheuses. L’équipe a analysé les effets des politiques de bien-être pour employés sur la maturité de la dette de plus de 19 000 entreprises basées aux États-Unis, des années 1990 au milieu des années 2010. Leur analyse a mené aux constats suivants :
- La mise en place de politiques de bien-être pour les employés a une grande influence sur la maturité de la dette d’une entreprise. En effet, les entreprises qui accordent une plus grande valeur à la création de liens solides avec leurs employés préfèrent les dettes à long terme aux dettes à court terme.
- Quand les entreprises choisissent une dette à long terme au lieu d’une dette à court terme, elles ont accès à plus de liquidités et sont ainsi plus libres de respecter leur engagement envers les politiques de bien-être des employés.
- Il existe un lien plus étroit entre les politiques de bien-être des employés et la maturité de la dette dans les entreprises à fort capital humain, comme les télécommunications, les hautes technologies et les services de soins de santé.
- Ce lien pourrait être plus courant dans les entreprises peu ou pas syndiquées.
Les auteurs ont présenté ces résultats clés dans un article intitulé Does employee welfare affect corporate debt maturity? (Le bien-être des employés a-t-il une incidence sur la maturité de la dette?), publié dans le European Management Journal.
Incidences sur les politiques et les pratiques
L’étude collaborative de la professeure Chourou fournit de nouvelles données sur le rôle des politiques et des pratiques d’embauche, et leur impact sur la maturité de la dette des entreprises. Comme l’affirme la professeure Chourou, « nos résultats suggèrent que les stratégies au regard du capital humain et la finance d’entreprise sont inextricablement liées, en plus d’indiquer que les acteurs non financiers – comme le personnel – représentent un pont essentiel entre les deux ».
Ce serait une erreur que d’ignorer le lien entre la maturité de la dette et les politiques de bien-être des employés, car, comme le suggère l’étude, les entreprises qui ont adopté de telles politiques ont tout intérêt à recourir à l’endettement à long terme.
Lamia Chourou est professeure agrégée et Boursière CPA Ontario en comptabilité à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les marchés financiers et plus particulièrement sur la divulgation de renseignements par les sociétés, la qualité des rapports financiers et les prévisions des analystes.