Doctorante à l’honneur - Alison Coates
En 2018, Alison Coates a entrepris un doctorat en gestion avec l’intention de se spécialiser dans les systèmes de santé. Sous la direction des professeures Agnes Grudniewicz (École de gestion Telfer) et Tracey O’Sullivan (Faculté des sciences de la santé), elle s’intéresse aux effets des idéologies urbaines sur les décisions stratégiques touchant les hôpitaux en milieu rural, et tout particulièrement sur le type de connaissances mises en valeur dans les processus décisionnels.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier les systèmes de santé? Votre choix a-t-il été motivé par des raisons personnelles?
J’ai longtemps travaillé en gestion des soins de santé. En tant qu’administratrice d’un hôpital en milieu rural aux États-Unis, j’ai constaté que cet environnement complexe était sous-représenté dans la formation comme en recherche. Pendant mes études de MBA, on a peu parlé de la réalité à laquelle j’étais moi-même habituée, alors j’ai voulu entreprendre des recherches pour y remédier.
Sur quoi porte votre recherche et comment contribuera-t-elle au domaine?
Dans mes travaux, j’examine ce qui intervient dans les décisions stratégiques quant aux services à offrir dans les hôpitaux en région. Je m’intéresse tout particulièrement aux établissements hospitaliers qui ont été absorbés par de grands réseaux de santé, question de comprendre l’impact de ces fusions sur les communautés rurales. Je veux aussi comprendre sur quels types de savoir les responsables se fient pour prendre des décisions stratégiques en la matière, et j’analyse l’expérience des membres des communautés qui ont vécu ce genre de changements. Mes travaux donneront donc un meilleur aperçu de ce qui sous-tend ces décisions.
En 2021, vous avez publié une analyse de la portée de la recherche sur la main-d’œuvre en santé dans le contexte de la COVID-19. Quelles en étaient les grandes lignes?
Les analyses de portée consistent à recenser systématiquement toute la documentation scientifique publiée sur une question, puis à décrire l’étendue des connaissances permettant de répondre à des questions de recherche. Devant la menace qui planait sur nos travailleuses et travailleurs de la santé au début de la pandémie, nous avons voulu tirer des leçons du passé. Quelles stratégies avaient déjà été employées en période de crise sanitaire pour faire face à une hausse de l’achalandage et à des cas plus graves, malgré des effectifs réduits? Notre recherche de pratiques s’articulait autour de trois axes stabilisateurs : le nombre d’effectifs, la flexibilité et le soutien aux travailleuses et travailleurs sur le plancher. Ce qu’on a constaté, c’est que la plupart des articles recensés ne faisaient que traiter au passage des stratégies déployées pour faire face aux urgences de santé publique. De plus, on n’évaluait pas vraiment l’efficacité des initiatives, ni à quel point on y avait eu recours. Pour répondre à des situations comme la crise du coronavirus, on pouvait donc difficilement se fier à des pratiques qui ont fait leurs preuves.
Quelles seront les retombées de votre recherche sur la planification des services de santé?
Ce que j’espère, c’est que mes travaux inciteront des responsables à consulter les communautés rurales et à valoriser leur savoir au moment de prendre des décisions ayant une incidence sur les soins qui les touchent directement. En ce moment, on se fie à des connaissances qui ne représentent pas nécessairement le vécu des membres de ces communautés, et il y a là une certaine forme d’injustice. J’espère donc que mes travaux contribueront à avancer des pistes pour mettre ce savoir en valeur dans la planification des services de santé.