Une professeure s’intéresse à l’expérience en milieu de travail de la mortalité fœtale et de la perte d’un nouveau-né
Selon Statistique Canada, c’est une grossesse sur quatre qui se termine par la perte de l’enfant. Malgré ce constat, les systèmes de santé provinciaux offrent un soutien insuffisant en cas de mortalité fœtale. Souvent, les personnes concernées ne savent pas où obtenir les soins nécessaires (p. ex., aux urgences de l’hôpital ou à l’unité des naissances) ni à qui s’adresser pour obtenir des services sociaux et du soutien en santé mentale.
La professeure Jennifer Dimoff a reçu une subvention d’engagement partenarial du Conseil de recherches en sciences humaines pour étudier l’expérience des parents qui vivent la perte d’un fœtus ou d’un nouveau-né. En partenariat avec l’organisme à but non lucratif Pregnancy and Infant Loss Support Centre (PILSC), elle souhaite mettre en lumière les bienfaits potentiels de certains services (séances de counselling gratuites ou groupes de soutien par les pairs, par exemple) pour les personnes ayant subi la perte d’un fœtus, les moyens de mieux adapter les services aux clientèles issues de la diversité et sous-représentées ainsi que les politiques et pratiques de ressources humaines inclusives que les milieux de travail pourraient élaborer et appliquer en cas de mortalité fœtale.
Le PILSC, qui œuvre à Calgary, offre des programmes d’aide sociale fondés sur des données probantes aux personnes ayant perdu un nouveau-né ou un fœtus.
En raison des tabous sociaux et du manque de soutien sur le plan social en cas de mortalité fœtale, ces personnes connaissent rarement les protections légales et les options de congé liées au travail auxquelles elles pourraient avoir droit. Par conséquent, quantité d’entre elles ne prennent pas congé ou se sentent forcées de retourner au travail avant d’être prêtes à le faire. Ce type de situation nuit à leur santé et à leur vie professionnelle, et peut même accroître le roulement de personnel.
Un partenariat qui enrichira la formation d’une étudiante
Mikaila Ortynsky, doctorante en gestion des ressources humaines et comportements organisationnels à Telfer, prendra part au projet à titre d’assistante de recherche principale. Elle participera à l’organisation et à l’animation de groupes de discussion, à la direction d’entrevues ainsi qu’à l’élaboration et à la réalisation de sondages auprès de la clientèle du PILSC. Elle analysera des données et collaborera avec l’organisme afin de diffuser les conclusions de la recherche auprès d’un public universitaire et non universitaire au moyen de publications, de présentations et d’ateliers de conférence.
Mikaila Ortynsky a tout ce qu’il faut pour assumer un tel rôle. « J’ai choisi le domaine de la gestion des ressources humaines et comportements organisationnels à l’École de gestion Telfer, car je veux prendre part aux efforts visant à rendre les milieux de travail au Canada plus en santé et plus heureux. Malgré la fréquence des cas de mortalité fœtale et d’autres situations liées à la santé des femmes, les gestionnaires et les entreprises disposent de bien peu d’outils pour soutenir leur personnel. Je suis très heureuse et chanceuse de travailler avec la professeure Dimoff et son équipe. Je vais acquérir une expérience sur le terrain, et c’est directement auprès des participantes et participants que j’apprendrai à mieux les aider. »
« Souvent, poursuit-elle, les participantes et participants aux projets de recherche demeurent anonymes et ne voient pas l’impact direct de nos recherches. Mais là, c’est l’occasion rêvée de voir le processus de recherche de A à Z, c’est-à-dire du développement de l’idée à la mise en place de formations et de politiques dans les secteurs privé et public. »
Renforcer les arguments pour la mise en place de politiques
Ce projet de recherche pourrait enrichir les connaissances, de plus en plus nombreuses, sur différents sujets se rapportant à la santé des femmes souvent considérés comme « tabous », par exemple les menstruations, la ménopause et la mortalité fœtale. Les conclusions de l’étude pourraient appuyer les arguments du PILSC destinés à convaincre les décisionnaires et les employeurs de la nécessité de mettre en place des politiques, des pratiques et des programmes plus complets, plus inclusifs en vue de soutenir les personnes ayant perdu un fœtus ou vivant d’autres situations dont on ne parle pas en milieu de travail et de fournir aux employeurs les solutions et les ressources qu’il leur faut pour soutenir leur personnel.