La flamme entrepreneuriale au sein des entreprises familiales
Les facteurs qui l’alimentent... ou l’éteignent
Beaucoup de chercheurs se sont intéressés à la motivation entrepreneuriale, c’est-à-dire aux raisons pour lesquelles une personne décide de fonder une entreprise. Mais, selon vous, combien de ces études portent sur la préservation de l’esprit d’entreprise? Sur la façon d’évoluer tout en restant concurrentiel à long terme ? Étonnamment, il y en a très peu.
C’est à Peter Jaskiewicz qu’il reviendra de combler cette lacune en recherche, ce professeur de l’École de gestion Telfer vient de se voir attribuer la Chaire de recherche de l’Université en Entrepreneuriat durable. Cette chaire de recherche lui permettra de créer des modèles empiriques qui porteront le succès (ou le déclin) des entreprises familiales à travers les générations. Il formulera aussi des recommandations pour aider les entreprises familiales à alimenter leur esprit d’entreprise et à redynamiser leurs produits et leurs services, pour ainsi faire croître leurs chances de survivre et de prospérer dans un marché compétitif.
« Les données probantes montrent que l’esprit d’entreprise et la compétitivité de la plupart des entreprises familiales s’évanouissent avant qu’elles n’aient pu fêter leurs 25 ans. Leur viabilité s’en trouve donc menacée, puisque le marché mondial est féroce et se transforme très rapidement, nous dit le professeur Jaskiewicz. Le programme de ma chaire de recherche vise donc à définir les mécanismes qui encouragent ou freinent la répétition des initiatives d’entrepreneuriat au sein d’une famille, puis à transposer le tout dans un modèle conceptuel. »
Selon le professeur Jaskiewicz, le mystère plane sur les raisons pour lesquelles certaines entreprises traversent le temps et d’autres, non. « Quelques chercheurs (mais ils sont rares) se sont penchés sur la question, mais sans arriver au cœur de la transmission de l’entrepreneuriat d’une génération à une autre, ajoute le professeur. Il faut élargir l’horizon de la recherche, dépasser la simple notion d’entreprise et aller puiser du côté d’autres disciplines, comme la gestion, la sociologie ou les sciences familiales. Il faut suivre les influences complexes à long terme et observer la réaction des dirigeants d’entreprise à l’évolution des conditions. La transmission d’une entreprise à la génération suivante peut avoir toutes sortes de conséquences pour cette entreprise et ces conséquences dépendent des décisions qui sont prises en appliquant à la fois une logique commerciale et une logique familiale. »
Cette nouvelle chaire de recherche permettra au professeur Jaskiewicz de contribuer davantage à la théorie et à la pratique de l’entrepreneuriat en plus d’alimenter les débats actuels sur la meilleure façon de favoriser l’entrepreneuriat au pays. Et, comme dans plusieurs autres domaines, l’influence familiale revêt un grand intérêt. « Quand on regarde le parcours d’un entrepreneur, on s’intéresse encore trop à l’école qu’il a fréquentée, aux diplômes qu’il a obtenus, à son expérience de travail, etc. C’est bien beau tout ça, mais on oublie du même coup les 25 premières années de sa vie. Celles-ci nous éclairent beaucoup sur les chances qu’une personne a de devenir le prochain Steve Jobs ou le nouveau Bill Gates. »