Chaînes d’approvisionnements : les politiques de transparence et leurs effets sur la durabilité
Depuis quelques années, les changements climatiques ont notamment eu pour effet d’attirer l’attention sur la durabilité des chaînes d’approvisionnement. D’après un article publié sur NetSuite, pour atténuer les répercussions de celles-ci sur l’environnement et l’humain, les entreprises se doivent d’ausculter chaque étape du processus dans une optique de durabilité. Après tout, ces chaînes comportent les volets de production et de transport, et c’est notamment en introduisant des changements à ces stades cruciaux que l’on peut gagner sur le plan de l’écoresponsabilité. Diverses politiques encouragent d’ailleurs les entreprises à dévoiler les détails de leurs chaînes d’approvisionnement, un changement favorisant l’éthique et la durabilité, mais également la réédition de comptes. Or, ces politiques ne sont pas toujours fiables ni efficaces.
Le professeur José Carlos Marques a obtenu une subvention de développement Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour étudier l’effet des politiques prônant la transparence des entreprises quant à la durabilité de leurs chaînes d’approvisionnement, tout comme les tendances qui s’en dégagent (notamment l’écoblanchiment, soit l’exagération des bonnes actions environnementales). Plutôt que de faire de la transparence un objectif à atteindre dès le départ, il s’intéressera aussi aux différentes approches de la reddition des comptes et à leurs effets sur les résultats escomptés.
Son projet s’intitule : Pour la transparence des processus dans les rapports sur la durabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales : application des techniques d’exploration de textes et d’apprentissage machine.
Nous avons demandé au professeur Marques ce qui l’attire vers ce domaine de recherche. Voici le compte rendu de cet échange.
Voilà maintenant plusieurs dizaines d’années qu’on prône la transparence pour régler à peu près tout du côté des entreprises et des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale, qu’on parle de corruption, de violations des droits de la personne ou d’émissions de carbone. La lumière est le meilleur remède, nous dit un vieil adage. Ce qu’on constate aujourd’hui, c’est donc la prolifération des cadres de divulgation, assortie d’une forte augmentation des rapports de données qualitatives pêle-mêle : des rapports souvent inutiles qui frôlent l’écoblanchiment. Évidemment, c’est un problème, mais je crois qu’on peut quand même beaucoup apprendre de ces données. Mon projet servira à déterminer ce que les nouveaux outils d’analyse nous révèlent sur la portée de cette approche au fil du temps.
La transparence : au-delà du résultat, l’évolution
Les consommatrices et consommateurs s’intéressent de plus en plus à l’origine, aux procédés et aux conditions de production de ce qu’ils ajoutent à leur panier. Les sociétés sont ainsi amenées à en dire plus sur chaque étape de leur chaîne d’approvisionnement. Or, les politiques en vigueur ont pour principal effet de générer de plus vastes quantités de données, que celles-ci soient ou non de qualité. Le professeur Marques se penchera sur l’évolution des différentes approches à la reddition des comptes à la lumière des politiques de transparence en vigueur. Il examinera aussi, d’un point de vue critique, les approches en place pour en dégager des recommandations.
Pour ce faire, le scientifique aura recours à des techniques d’exploration de textes et d’apprentissage machine pour analyser de vastes quantités de données environnementales dans le secteur du prêt-à-porter. Ses recherches porteront principalement sur les renseignements divulgués au fil des dix années qui ont suivi l’effondrement d’une usine de vêtements au Bangladesh, la place Rana, où s’approvisionnaient de nombreuses grandes marques.
Retombées des travaux
Ultimement, ce projet de recherche a pour but d’améliorer les objectifs de transparence du point de vue des politiques et de la gouvernance : il nous aidera à comprendre comment mieux les exploiter pour s’attaquer aux problèmes sociaux et environnementaux occasionnés par les chaînes d’approvisionnement des entreprises. Les précieuses données qui en émergeront aideront aussi les gouvernements, les groupes militants et les organisations à comprendre comment appeler les entreprises à divulguer des données bien précises. Enfin, ces travaux nous offriront un cadre pour mieux départager les entreprises qui s’adonnent à l’écoblanchiment de celles qui ne le font pas.