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Responsabilité sociale des entreprises : quand faire le bien fait du mal

Dans le milieu des affaires, la responsabilité sociale constitue une priorité stratégique pour bon nombre d’entreprises, grandes et petites, et on pense souvent qu’elle ne fait que des heureux. En appuyant une cause, comme le soutien à un organisme de charité local ou la réduction de son empreinte carbone, les dirigeants d’entreprise impressionnent peut-être leurs clients et les médias. Mais, ce que l’on ne savait pas et qu’une équipe de chercheures de l’École de gestion Telfer a découvert, c’est que l’engagement d’une entreprise en matière de responsabilité sociale compte également (et beaucoup !) pour les employés.

Dans une récente publication du très prestigieux Journal of Business Ethics, la professeure Magda Donia, de l’École Telfer, et ses coauteures, les professeures Silvia Bonaccio, de l’École Telfer, Carol-Ann Tetrault Sirsly, de l’Université Carleton, et Sigalit Ronen, de l’Université d’État de Californie, montrent qu’il n’est pas suffisant pour une entreprise de s’investir dans une bonne cause. Ce qui importe vraiment pour les employés, c’est le pourquoi leur employeur s’engage.

Les chercheures ont découvert que les employés réagissent positivement uniquement lorsqu’ils considèrent que les initiatives de responsabilité sociale de leur employeur sont sincères. Si leur entreprise est véritablement engagée pour une cause, ils s’y identifieront plus fortement. « Tout le monde préférera un employeur qui se préoccupe vraiment des causes importantes, affirme Professeure Donia. Et, lorsque c’est le cas, les employés ont tendance à éprouver des sentiments positifs au sujet de leur emploi et de leur milieu de travail, comme la fierté et la confiance envers l’entreprise, la satisfaction au travail ou le sentiment que leur travail a un sens. » Ainsi, il a été observé que les employés s’engagent plus au travail, que leur rendement est plus élevé et qu’ils restent plus longtemps en poste que ceux qui travaillent pour une entreprise qui participe à des causes sociales uniquement parce que c’est à la mode ou qu’elle souhaite faire croître ses profits.

La recherche met donc en lumière que, lorsque des dirigeants d’entreprise décident d’aider un organisme de charité local uniquement pour bien paraître, impossible de leurrer les employés. Cette situation s’explique par le fait que « les gens sont capables de discerner les véritables motivations des autres et il est possible pour les employés, qui ont des interactions quotidiennes avec l’entreprise pour laquelle ils travaillent, de percevoir avec justesse les vraies intentions de leur employeur », explique Professeure Donia. La professeure Bonaccio ajoute : « Lorsqu’ils sentent que les actions de l’employeur ne cadrent pas avec le message derrière une campagne de publicité, les employés commencent à se poser des questions. » S’ils jugent leur employeur opportuniste et le perçoivent négativement, la situation risque de se retourner contre l’entreprise.

«Tout le monde préférera un employeur qui se préoccupe
vraiment des causes importantes et, lorsque c’est le cas,
les employés ont tendance à éprouver des sentiments
positifs au sujet de leur emploi et de leur milieu de travail»

La professeure Donia et ses coauteures rappellent que les employés surveillent leur employeur, et que ce dernier doit garder ce fait à l’esprit. Professeure Bonaccio précise : « Les entreprises doivent prendre conscience qu’elles ont des parties prenantes internes qui observent leurs pratiques organisationnelles et qui disent : “Un instant ! D’où sort cet intérêt pour cette cause ?” » Il faut savoir que la création d’une image de bon citoyen ne suffit pas pour faire croître les perceptions positives des employés à long terme. Pour attirer, motiver et conserver les meilleurs employés, il faut que le personnel ait le sentiment que les initiatives de responsabilité sociale de l’entreprise visent à apporter une véritable contribution à la société. Au bout du compte, tout est question de « faire la bonne chose pour la bonne raison », de conclure Professeure Donia.