Mesurer le leadership dans un contexte mondial
La rétroaction des pairs : la clé d’une meilleure collaboration virtuelle?
Le pluralisme culturel et la dispersion géographique des équipes de travail d’aujourd’hui en ont grandement complexifié les formules de travail et les questions entourant leur leadership. La nouvelle étude de Magda Donia, intitulée « Diriger des équipes virtuelles et multiculturelles mondiales », propose de nouvelles bases pour s’attaquer à ces défis.
« Durant plus d’une décennie, on nous dit qu’il devient rapidement impératif pour les chercheurs d’emploi de savoir travailler en équipe virtuelle, alors même que les compétences interculturelles gagnent aussi en importance », déclare la professeure Donia au sujet de son projet, qui a récemment obtenu une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines. « Ce qu’implique cette tendance vers des “équipes virtuelles mondiales multiculturelles” pour le leadership n’a pas été entièrement exploré à ce jour ».
Pour en avoir une idée, la professeure Donia et ses collègues analyseront les données d’équipes travaillant virtuellement, à commencer par celles du projet X-Culture, qui a vu le jour à l’Université de la Caroline du Nord. Chaque année, dans le cadre de ce projet, des équipes constituées au hasard de quatre ou cinq étudiants inscrits à la M.B.A. des quatre coins du monde doivent produire un rapport de groupe à l’issue d’un défi d’entreprise réel.
« Il y a évidemment des limites à comparer de près les étudiants et les véritables travailleurs. N’empêche que la conception des tâches, les outils de communication, le système d’évaluation du rendement et la structure d’incitation du projet ressemblent beaucoup à ce qu’on trouve dans un milieu de travail réel », explique la professeure Donia.
Les chercheurs cerneront les caractéristiques du leadership qui encouragent les équipes à travailler diligemment à l’enseigne de l’interdépendance et de la coopération afin de récolter les fruits de leur labeur et d’éviter les pertes. À l’instar de ce qu’on observe dans un véritable milieu de travail, les chercheurs s’intéresseront aussi à la façon dont ces attributs peuvent évoluer au fil du temps.
À cette fin, les chefs des équipes fourniront des rapports d’autoévaluation de leur comportement et de leurs attributs et les membres de ces équipes évalueront quant à eux leur chef selon ces critères. Une intervention centrée sur la « rétroaction ascendante » de l’équipe à son chef sera aussi effectuée afin de pouvoir étudier les avantages de la rétroaction sur le leadership et le rendement de l’équipe au fil du temps.
Tout en alimentant la théorie, la recherche pourrait aussi façonner la pratique. « Si nous constatons, par exemple, que notre intervention peut réduire les ruptures de communication ou accroître le rendement des équipes, cela serait utile pour le choix des leaders et les initiatives de formation à l’échelle mondiale », déclare la professeure Donia.
« Nous n’en sommes qu’au début d’une phase palpitante des études sur ce que signifie en pratique pour un leader de piloter une équipe, de communiquer et de s’adapter au changement dans ce nouvel environnement. »