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Quand la recherche en gestion se traduit par des retombées concrètes

Herman Aguinis devant la foule lors d'une conférence à TelferAujourd’hui plus que jamais, le « monde du travail » fait la une dans les médias du monde entier. De la démission silencieuse en passant par le travail à distance et l’intelligence artificielle (IA), il est impératif que nous nous penchions sur les pratiques des entreprises. Or, la communauté de recherche en gestion se demande parfois ce qu’elle pourrait bien faire pour changer concrètement les choses.

Le 12 mai 2023, l’École de gestion Telfer a tenu un événement dans le cadre de sa série annuelle de conférences sur la prospérité organisationnelle et sociale. Le Collectif de recherche sur la prospérité organisationnelle a alors accueilli Herman Aguinis, Ph.D., un éminent chercheur en gestion de la School of Business de l’Université George Washington qui se spécialise dans la gestion des talents et les méthodes de recherche sur les organisations. Leader dans le domaine et universitaire de renommée mondiale, il a signé plus de 200 publications au cours de sa carrière a également été président de l’Academy of Management en 2021-2022.

Lors de son discours, le professeur Aguinis a présenté une rétrospective de sa carrière en recherche, en enseignement et en services-conseils, et il a expliqué comment la communauté de recherche en gestion peut contribuer à améliorer l’ordre des choses à l’échelle locale, nationale et même mondiale. Il a offert aux membres de la population étudiante, du corps professoral et du milieu des affaires qui composaient l’assistance plusieurs stratégies pour jeter des ponts entre le milieu scientifique et le milieu de la gestion afin de créer un changement durable.

Sortir de son champ d'expertise

Quand avez-vous ouvert un livre d’économie appliquée ou lu un article sur la philosophie pour la dernière fois? Quel que soit le moyen, par exemple la lecture ou l’écoute de balados, la recherche de nouvelles perspectives en dehors de notre discipline peut nous aider à remettre en question les idées préconçues, tant les nôtres que celles de notre milieu professionnel, puis à intégrer ces nouvelles perspectives de manières inédites. Le professeur Aguinis a cité en exemple le microscope, qui a transformé le domaine de la médecine, et le télescope, qui a révolutionné l’astronomie et même ouvert la voie à l’exploration spatiale.

Le chercheur a invité l’assistance à réfléchir à ce que pourrait être la prochaine innovation qui métamorphosera le monde de la gestion, ainsi qu’à appliquer aux domaines de l’administration et de la gestion les connaissances acquises dans d’autres disciplines. En biologie, par exemple, plusieurs systèmes complexes en viennent à former un écosystème. Pourrions-nous transposer ce que nous savons sur ces systèmes et leurs conditions gagnantes aux organisations et aux personnes qui travaillent pour elles? Bref, en sortant des ornières de notre propre champ d’expertise, nous arriverons à mieux déceler ce qui nous échappe au premier regard, de découvrir l’équivalent du microscope et du télescope dans le domaine de la gestion, mais aussi de mettre en lumière les lacunes et les préconceptions de notre discipline.

Élargir son champ d'action

Ampoules et deux flèches qui pointent en directions opposéesAfin de pouvoir changer les choses, la communauté de recherche en gestion doit avant tout bien cerner son public cible. Elle doit également être prête à l’élargir et à tenir compte de ses particularités, tout en prenant conscience de la manière dont elle diffuse les résultats de ses travaux. Le professeur Aguinis a parlé de trois méthodes pour atteindre son public cible et faire impression.

D’abord, il faut prioriser les retombées concrètes de la recherche et de ses résultats. Notons que, selon un article publié sur la plateforme The European Business Review, seulement 1,5 % des projets de recherche sur les comportements organisationnels et la gestion des ressources humaines visent à produire de telles retombées. Ensuite, il faut faire connaître ses travaux au public cible en réseautant en dehors des circuits usuels. Si votre objectif est d’influencer les spécialistes des ressources humaines, allez parler de vos recherches aux congrès de la Society of Human Resource Management (SHRM) ou de la Human Resources Professional Association (HRPA). Si vous souhaitez vous servir de vos recherches pour impulser des changements législatifs, adressez-vous à la classe politique et à l’électorat pour leur demander en quoi vos travaux pourraient leur être utiles. Enfin, diffusez les résultats de vos recherches dans les publications consultées par le public cible (The Economist, Harvard Business Review, The Conversation, etc.) et faites-en la promotion sur les réseaux sociaux tels que LinkedIn.

Définir son champ d'influence

Bon nombre de chercheuses et chercheurs aspirent à changer la donne, non seulement dans le milieu universitaire, mais aussi dans le reste du monde. Mais comment y parvenir? Le professeur Aguinis recommande de créer un plan personnel pour produire des retombées concrètes, qui servira à répertorier les compétences et les ressources nécessaires dans cette optique. Les chercheuses et chercheurs peuvent faire le point chaque année sur leurs valeurs, leurs passions et leurs motivations en matière de recherche en se demandant, par exemple : « Quels groupes est-ce que j’espère atteindre, et pourquoi? » ou « Est-ce que je cherche activement à faire rayonner mes travaux? ». Ceci contribuera à créer un meilleur Canada et un meilleur « monde du travail » pour tous et toutes.

Jennifer Dimoff et Mikaila Ortynsky

Cet article fut rédigé par Jennifer Dimoff et Mikaila Ortynsky.

Jennifer Dimoff est professeure agrégée à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa. Titulaire d’un doctorat en psychologie industrielle et organisationnelle de l’Université Saint Mary’s, elle est la plus jeune lauréate du Prix de reconnaissance des scientifiques-praticiens (Scientist-Practitioner Recognition Award) de la Society for Industrial and Organizational Psychology (SIOP).

Mikaila Ortynsky est candidate au doctorat en Gestion des ressources humaines et comportements organisationnels à l'École de gestion Telfer de l'Université d'Ottawa. Ses recherches se penchent sur la santé des femmes, le bien-être et le leadership au travail.