Lissa Moore (B.Com. 2011) : transformer sa passion en entrepreneuriat
Lissa Moore (B.Com. 2011) est la copropriétaire de l’entreprise Les cadeaux Shop moi ça. En tant qu’entrepreneuse francophone, elle s’est entretenue avec nous à l’occasion du Mois de la Francophonie.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours entrepreneurial depuis l'obtention de votre diplôme en commerce et ce qui vous a inspiré à lancer votre entreprise?
Après avoir obtenu mon diplôme en gestion de commerce de Telfer en 2011, j'ai commencé une carrière en finance, et entretemps, j'ai eu trois enfants. Toutefois, durant un congé de maternité, j'ai senti le besoin de me reconnecter avec mes passions personnelles. C'est ainsi que l'idée de créer notre entreprise est née. Inspirée par les moments passés à choisir des cadeaux avec ma sœur pour notre famille et nos amis, nous avons décidé de transformer cette passion en projet professionnel : magasiner pour les autres. Cette idée a vraiment résonné en moi car j'adore trouver des articles uniques qui peuvent faire plaisir aux gens.
Lancée officiellement en 2018 depuis notre sous-sol, notre entreprise Shop moi ça a commencé comme un projet modeste tout en continuant nos emplois respectifs, ma sœur et moi. Après, j’ai décidé de prendre une année sabbatique pour me dédier pleinement à cette initiative, et l'entreprise a connu une croissance significative, notamment à partir de 2021. Aujourd'hui, nous employons entre 10 à 20 personnes selon la saison, ce qui nous a permis d'établir un atelier commercial et de générer des revenus substantiels, tout en conservant une flexibilité essentielle pour gérer à la fois l'entreprise et les responsabilités familiales.
Nous avons la chance de travailler avec des clients d’importance comme Beneva, Desjardins, Raymond Chabot Grant Thornton, et l’Ordre des CPA du Québec, et de rayonner partout au Canada avec plus de 26 000 colis expédiés annuellement.
Comment diriez-vous que votre temps à Telfer a influencé votre carrière d'entrepreneure?
Mon passage à Telfer a été déterminant pour ma carrière d'entrepreneure et a beaucoup contribué à mon éveil sur les différentes responsabilités. Dès le début, j'ai plongé dans différentes compétitions interuniversitaires comme les Jeux du Commerce et le Happening Marketing, ce qui était stimulant et particulièrement formateur. Cette participation nous obligeait à prendre un cours de présentation d'affaires, une expérience qui a aiguisé mes compétences en consolidation d'idées, en élaboration concise de plans d'affaires et en la capacité à offrir des présentations percutantes. Cela m'a non seulement permis d'influencer positivement mon audience lors des présentations, mais aussi de structurer efficacement mon approche entrepreneuriale en fonction d’échéanciers serrés.

internationale, Jeux du commerce
2011 (Diane Mugeni, Andrew Bigioni,
Lissa Moore)
Ce que j'ai appris à Telfer m'a préparée à gérer toutes les facettes de mon entreprise, pas seulement les finances ou le marketing. Le B.Com. m'a offert une formation bien arrondie, essentielle pour toucher à tous les aspects d'une organisation. Plus encore, mon expérience avec les travaux de groupe m'a enseigné l'importance du travail d'équipe, la patience et l'ouverture d'esprit, des compétences précieuses quand on dirige sa propre équipe. Ces apprentissages ont été fondamentaux pour développer une structure solide et adaptable dans mon entreprise.
Est-ce que vous avez rencontré des défis dans votre parcours?
Absolument! J’ai rencontré un million de défis! La gestion quotidienne des priorités et des personnes autour de nous est un défi constant, sans parler de ma propre vie personnelle. Gérer mes émotions, mon stress, mes priorités... ce sont des défis constants.
Les inquiétudes viennent aussi avec les changements dans l’industrie, les variations économiques, et les évolutions des partenaires et collaborateurs. On doit toujours rester agile, prêt à accueillir les nouveautés et à s'adapter rapidement. Notre modèle d'affaires doit s'adapter en conséquence, ce qui nécessite une grande ouverture d'esprit et une recherche constante de solutions. Je répète souvent à mon équipe : « Il n’y a pas de problèmes, seulement des solutions. » Il faut toujours trouver des solutions, car chaque petit défi peut devenir un obstacle majeur si on ne le gère pas bien.
Comment gérez-vous l'équilibre entre les exigences de l’entreprise et votre vie familiale?
Pour gérer l'équilibre entre la gestion de mon entreprise et ma vie personnelle, je m'appuie beaucoup sur le soutien de ma sœur qui est aussi mon associée et notre partenaire Frédérique, ainsi que sur une équipe extraordinaire qui considère l'entreprise comme leur propre projet. Cela crée un environnement de travail très positif où tout le monde est prêt à se soutenir mutuellement. Par exemple, lors d'un récent événement important, mes employés se sont proposés spontanément pour garder mes enfants pour que je puisse y assister. Ce type de soutien fait toute la différence et me permet de rester flexible et disponible, tant pour ma famille que pour mon entreprise. Ce n'est pas toujours facile, mais accepter de s'ajuster au quotidien et compter sur une équipe fiable et dévouée permet de faire face aux défis.
Que signifie pour vous le Mois de la Francophonie? Pensez-vous que votre identité francophone a joué un rôle dans la formation de votre entreprise ou de votre approche du leadership?
Pour moi, le Mois de la Francophonie symbolise bien plus qu'une célébration; c'est une affirmation naturelle de mon identité. Étant francophone, la gestion de notre entreprise se fait dans un esprit très québécois, axée sur les produits locaux, avec l'ensemble de nos partenaires venant du Québec. Le Mois de la Francophonie pour nous, c'est l'occasion de faire rayonner et de rappeler l'importance de préserver la langue française, non seulement au Québec, mais à travers tout le Canada.
Nous veillons à ce que le français reste la langue primaire dans toutes nos communications, bien qu'elles soient également disponibles en anglais. C'est une responsabilité collective de ne pas laisser cette richesse culturelle s'étioler. Plus qu'une langue, c'est une culture distincte que nous, francophones, qu'ils soient québécois, franco-ontariens ou d'ailleurs, partageons et qui nous différencie du reste du Canada.
Quel conseil donneriez-vous à des étudiantes et étudiants qui souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat ou à une version plus jeune de vous?
Mon conseil serait de commencer sans hésiter. Il n'est pas nécessaire de lancer un grand projet dès le début; l'essentiel est de démarrer, peu importe l'échelle. Chaque petite expérience enrichit votre parcours et élargit votre réseau, ce qui est crucial pour votre croissance.
Célébrez vos petits succès, car ils constituent les fondations de vos futurs grands succès. Ne vous comparez pas aux autres aussi, car chaque parcours est unique et mène à des résultats différents.
L'entrepreneuriat peut sembler solitaire et intimidant, mais il y a toujours un réseau de soutien disponible. Il faut juste savoir identifier et utiliser ces ressources efficacement.
Enfin, pour rester motivé, il est crucial de s'entourer des bonnes personnes. Les échanges avec notre entourage nous permettent de nous réorienter et de cibler nos prochaines étapes, ce qui est vital pour rester sur le bon chemin. Parfois, quand on travaille seul, surtout derrière un ordinateur, on peut avoir l'impression de ne pas avancer. Mais en partageant et en discutant, on réalise qu'il y a vraiment quelque chose à construire et à développer.
Decouvrez le Carrefour de l’entrepreneuriat à l’Université d’Ottawa, ou la Compétition pitch Desjardins à l’Ecole de gestion Telfer.
Cet article fut rédigé par Corrinthina Rabemanantsoa.
Corrinthina Rabemanantsoa est en quatrième année du baccalauréat de commerce, dans le programme spécialisé en marketing, à l’École de gestion Telfer. Dans le cadre de son stage Connexions de la faculté, elle a occupé le poste de créatrice de contenu pour des réalisations visuelles et écrites.