Les soins de santé de demain : des idées novatrices pour un meilleur système de santé au Canada
Les longues listes d’attente, l’accès inégal aux services et la hausse des coûts minaient déjà le système de santé bien avant la pandémie. La COVID-19 n’a fait qu’aggraver ces problèmes, en retardant les interventions chirurgicales, les traitements et les examens non urgents. Comment le système de santé du Canada pourrait-il se remettre de la crise actuelle et s’orienter vers un meilleur modèle pour l’avenir?
Le 15 novembre, le Globe and Mail présentait une webémission sur les moyens d’améliorer l’accessibilité, l’efficacité et la résilience du système de soins de santé. La professeure Lysanne Lessard, coresponsable du Laboratoire de modélisation des systèmes de santé apprenants de Telfer, est une experte en la matière. Interviewée par André Picard, journaliste et chroniqueur spécialisé en santé au Globe and Mail, elle a expliqué les particularités de notre système de santé et les problèmes qui lui sont propres. La professeure soutient qu’au lieu de copier le modèle d’un autre pays qui ne serait peut-être pas adapté à nos conditions, nous devons revoir notre système en nous focalisant sur ses aspects positifs.
L’importance des données
Notre système de santé est complexe et difficile à comprendre, souligne la professeure Lessard. En colligeant des données sur l’ensemble du parcours médical, soit les consultations, les réactions aux différents traitements et les résultats cliniques, la communauté de recherche pourra dresser un portrait plus détaillé du système.
Les panélistes ont aussi recommandé d’utiliser les technologies et les données pour offrir des soins personnalisés, par exemple des dossiers médicaux électroniques permettant un meilleur suivi et la télémédecine pour les consultations à distance. En plus d’améliorer les résultats cliniques, ces outils réduiraient les coûts grâce à la prévention des maladies chroniques par un dépistage précoce.
À l’heure actuelle, les informations sur la santé sont fragmentées et difficiles d’accès. La professeure Lessard préconise une approche coordonnée et normalisée de la collecte et de l’analyse des données.
Un meilleur accès aux soins primaires
Lors de la webémission, la question de l’accès aux soins primaires a été maintes fois soulevée. En effet, les longs temps d’attente pour consulter des prestataires de soins primaires poussent de nombreuses personnes à se présenter aux urgences pour des problèmes non urgents. Résultat : les services d’urgence sont débordés et les risques pour la santé sont augmentés en raison de la fragmentation des soins. Pour y remédier, les panélistes ont proposé d’étendre le champ d’intervention à d’autres prestataires de soins, comme les infirmières et infirmiers praticiens ou les pharmaciennes et pharmaciens.
Selon Cameron Love, président-directeur général de l’Hôpital d’Ottawa, les hôpitaux sont submergés parce que le système est trop dépendant d’eux. Cette situation, conjuguée au manque d’effectifs, fait peser un lourd fardeau sur les épaules du personnel hospitalier. Cameron Love plaide pour une approche intégrée et globale des soins primaires, dans laquelle chaque personne se verrait affecter une équipe comprenant une ou un médecin, une infirmière ou un infirmier et d’autres professionnelles et professionnels de la santé, afin d’accélérer l’accès aux soins et d’en rehausser la qualité.
Pour en savoir plus sur les différentes approches en matière de soins de santé, lire l’article : Canadian health systems need to implement change faster
Des soins personnalisés axés sur la prévention
Le panel a également abordé la question des soins personnalisés et de la prévention. Le système actuel repose sur une approche réactive, c’est-à-dire que les soins interviennent après qu’un problème de santé se manifeste. À l’inverse, une approche préventive mise sur les soins en aval pour empêcher le développement de maladies chroniques.
Le Dr Naheed Dosani, médecin en soins palliatifs à l’hôpital St. Michael’s de Unity Health Toronto, a participé aux discussions aux côtés de Cameron Love et de Sonia Kumar-Séguin, présidente-directrice générale de Body Brave. Il a souligné l’importance de s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé, comme le logement et le revenu, pour améliorer la santé de la population. Selon lui, il faut établir des liens de collaboration étroits entre le système de santé et des secteurs comme l’éducation et le logement.
Le Dr Dosani souhaite par ailleurs que la priorité soit accordée aux soins palliatifs à la maison ou en milieu communautaire, afin de soulager les symptômes, la douleur et le stress qui accompagnent les maladies graves en améliorant la qualité de vie des patientes et patients et de leurs proches.
Repenser l’avenir des soins de santé
L’événement virtuel a été riche en réflexions sur l’avenir du système de santé canadien et a apporté des pistes de solutions. C’est en facilitant l’accès aux soins primaires, la collaboration et la coordination, et en s’attaquant aux déterminants sociaux de la santé qu’on pourra rehausser la qualité des soins.