Petit geste, grand impact : la réduction des GES par l’apprentissage expérientiel
Alors que les 195 pays membres des Nations Unies se réunissaient pour la 27e Conférence des parties (COP27) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), à Charm el-Cheikh en Égypte, des étudiantes et étudiants du MBA en français de l’École de gestion Telfer s’apprêtaient à les imiter dans le cadre du cours Leadership fondé sur les valeurs (MBA 5636).
« Je suis impressionné de la manière avec laquelle les étudiants ont bien joué le jeu », m’a confié notre invité d’honneur lors de cette séance, l’avocat Pierre Renaud, qui a assisté en personne à la conférence mère sur l’environnement et le développement, RIO 1992. « Non seulement l’argumentaire pour les négociations des différentes équipes est accrocheur, mais c’est surtout cette belle représentativité des différents pays à travers la diversité ethnique des différents étudiants qui est formidable. On dirait que nous assistons à une vraie assemblée des Nations », a-t-il ajouté.
Un défi de taille : trouver un consensus entre les pays membres
À Telfer comme à la COP27, le défi était de taille : trouver un consensus afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2100 et adapter le financement de la transition économique verte afin qu’il soit juste et équitable. C’est ici même, au pavillon Desmarais, que nos étudiantes et étudiants ont interprété avec brio le rôle des différents leaders mondiaux, exposant tour à tour leur engagement envers la réduction de leur impact sur le climat. « Ce fut une expérience inouïe pour moi d’avoir l’opportunité de participer à cette simulation dans le cadre du cours. Cela m’a permis de prendre conscience des enjeux liés aux émissions de GES et des décisions prises par les représentants des différents pays participant aux COP », a affirmé Déborah E., étudiante au MBA à l’École de gestion Telfer.
Deux semaines avant la simulation, les étudiantes et étudiants, répartis en six équipes, ont été informés des défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels font face les différents pays membres des Nations Unies. Chaque équipe avait le mandat de préparer un scénario visant à présenter et à défendre ses engagements en vue de réduire les gaz à effets de serre, et ainsi s’assurer que le réchauffement climatique ne dépasse pas deux degrés Celsius d’ici 2100. Les équipes de la Chine, de l’Inde, des pays en développement, des États-Unis, des autres pays développés et de l’Union européenne se sont ensuite rassemblées en plénière. « Cette simulation du climat a été enrichissante et elle nous a démontré l’importance de ces sommets entre les pays, [ainsi que] l’urgence d’agir et de s’assurer d’avoir des leaders responsables et conscients que l’environnement doit être prioritaire », a déclaré Benoit Chartrand, étudiant au MBA à l’École de gestion Telfer.
Le nombrilisme économique à la défense de l’indéfendable
Après ma présentation sur les conséquences alarmantes du réchauffement de la planète – sécheresse, montée du niveau de la mer rayant certains pays de la carte, crises alimentaires, etc. –, les échanges entre les équipes ont commencé. La Chine défendait ses propres intérêts et tentait de négocier son taux de réduction des émissions, alors que les pays en développement demandaient un dédommagement pour toutes les pertes et les dommages irréversibles causés par l’industrialisation des pays développés, en appelant à leur obligation morale, que ces derniers essayaient d’ailleurs de renier afin de défendre leurs propres industries. En somme, les équipes ont commencé à défendre l’indéfendable, comme le faisaient les pays dans la réalité.
L’apprentissage expérientiel, une façon de simplifier les systèmes complexes
Le réchauffement de notre planète n’est que la pointe de cet iceberg qu’est le système climatique, dont les facteurs multiples et interdépendants en font un ensemble trop complexe pour être enseigné de manière linéaire. Les simulations, notamment celles incorporant des jeux de rôles, simplifient cette complexité, tout en rendant l’apprentissage agréable et efficient. C’est en effet ce qu’a démontré l’outil de simulation C-Road, développé par Climate Interactive et MIT Sloan, utilisé pour l’occasion. Cette approche pédagogique itérative stimule l’apprentissage en simplifiant la complexité d’un système comme celui du climat. « Je remercie la professeure Dorra Jlouli ainsi que tous les acteurs qui ont rendu possible cette simulation. Participer à cette expérience m’a permis de comprendre le fonctionnement d’un événement aussi important que la COP, mais surtout de prendre conscience de la complexité du processus décisionnel en tenant compte de toutes les parties prenantes », a confié Bogdane T., étudiant au MBA à l’École de gestion Telfer.
En se concentrant sur leur rôle de leaders qui tentent de prendre des décisions responsables, et qui constatent le résultat immédiat de chaque décision sur le système climatique, les étudiantes et étudiants ont pu se rendre compte que seul l’engagement conscient et éthique de tous pourra sauver notre planète. « Un jeu de rôle très vivant, à travers lequel nous avons appréhendé le dilemme auquel le leader responsable pourrait être confronté lorsqu’il s’agit de décider d’un sujet aussi complexe que le changement climatique », a affirmé Houda Zidane, une autre étudiante au MBA à l’École de gestion Telfer. « C-Road a été une expérience d’apprentissage enrichissante, qui nous a permis de mettre en pratique les concepts liés au leadership responsable présenté en classe », a pour sa part affirmé Anne-Sophie H.-Bienvenue, elle aussi étudiante au MBA à l’École de gestion Telfer. « L’apprentissage par l’action est, selon moi, un moyen efficace pour mieux assimiler des concepts complexes tels que la pensée systémique ». « Le réchauffement climatique est l’affaire de tous, et cette question devrait être au cœur de la réflexion de nos leaders », a ajouté Déborah E.
La crise climatique n’est-elle pas avant tout une question morale?
La crise actuelle n’est-elle pas d’abord et avant tout une question morale? Y a-t-il lieu d’exiger un leadership conscient et responsable de ceux dont le développement industriel a été fait au détriment de ceux qui subissent les bouleversements irréversibles des changements climatiques? C’est par le renforcement de la composante morale chez nos leaders d’aujourd’hui et de demain que nous pouvons espérer mieux prendre nos responsabilités à l’égard de la planète, et ainsi contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable. À Telfer, nous sommes fiers d’avoir déjà fait notre bout de chemin.