Les secteurs d’activité des femmes entrepreneures au Canada
écrit par Andrea Abiyou, étudiante de 4e année au B.Com., marketing
Au Canada, le nombre de femmes entrepreneures ne cesse de croître chaque année. Selon Statistiques Canada, en 2019, ce sont 15,6 % des PME qui étaient détenues par des femmes et elles représentaient 37,4 % de la population de travailleurs autonomes. Générant plus de 117 milliards de dollars d’activité économique par an, nous pouvons constater que les femmes s’imposent de plus en plus comme des actrices essentielles du développement économique.
Cela dit, contrairement à leurs homologues masculins dont les secteurs d’activités sont variés, on remarque que les femmes ont tendance à créer leur entreprise dans les secteurs du service. Découvrons donc quels sont ces différents secteurs.
Le choix d’une industrie de services
Comme mentionné précédemment, les femmes entrepreneures au Canada sont plus susceptibles de créer leur entreprise dans le secteur du service, et sont moins représentées dans certains secteurs comme l’agriculture, la foresterie, la pêche ou encore la construction.
Ainsi, dans le rapport 2020 du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, une étude des PME détenues par des femmes en fonction des secteurs d’activités, nous permet d’établir le classement suivant :
- L’enseignement et les soins de santé (63 %)
- L’hébergement et les services de restauration (52,8 %)
- L’industrie de l’information, l’industrie culturelle et les loisirs (44,1 %)
- La finance, les assurances et les services immobiliers (38,5 %)
- Les services professionnels (38,1 %)
De même, au niveau des travailleuses autonomes, elles déclarent généralement que leurs activités se situent dans les secteurs suivants :
- Les services publics (65,7 %)
- Les soins de santé (57,6 %)
- Le commerce (55,7 %)
- Les services professionnels (54,2 %)
- L’industrie de l’information, l’industrie culturelle et les loisirs (54,1 %)
Tandis que certaines études tendent à expliquer cette concentration par des facteurs liés à l’histoire ou encore à la socialisation, je pense qu’il ne faudrait pas négliger les motivations des femmes entrepreneures, qui bien souvent se lancent en affaires dans le but d’avoir un impact social significatif. Elles trouvent donc leur compte dans les secteurs du service, là où le rapport à autrui est plus élevé.
D’ailleurs, elles sont beaucoup plus nombreuses à se déclarer comme faisant de l'entrepreneuriat dit “social” (11 % des entreprises détenues majoritairement par des femmes le déclarent, contre 5,3 % pour les entreprises de leurs homologues masculins), ce qui montre leur enclin à se lancer dans des affaires servant des causes qu’elles valorisent.
Les secteurs en croissance
Tout comme le nombre de femmes qui décident de se lancer en affaires, les secteurs d’activités dans lesquels elles décident de travailler évoluent aussi.
Selon une étude de Statistiques Canada, entre 1987 et 2018 le nombre de travailleuses autonomes dans les industries des soins de santé et de l’assistance sociale a pratiquement doublé. De même que les secteurs de la finance, des assurances, des services immobiliers et des industries connexes, dont le chiffre a été multiplié par cinq en 30 ans.
L’art et la création, un secteur oublié?
Lorsqu’on parle d’entrepreneuriat féminin et même d’entrepreneuriat en général, on mentionne peu le secteur de l’art et de la création, alors que la plupart des artistes ont tendance à travailler de manière indépendante (généralement à la pige, ou encore à contrat) et peuvent être considérés comme des entrepreneurs.
Au Canada, 52% des artistes sont des travailleurs autonomes et le recensement de 2016 indique que les femmes dominent le secteur artistique, en représentant plus de la moitié des artistes. On peut donc voir que les femmes entrepreneures sont très présentes dans ce secteur.
Le délaissement de l’art et de la création dans le dialogue sur l'entrepreneuriat peut s’expliquer par la volonté de certains artistes de se distinguer du monde des affaires ou encore les débats existants autour de la définition même du mot « artiste » (en partie lié aux distinctions entre les différents domaines culturels tels que les beaux-arts, l’art publicitaire, le design et l’artisanat).
Au final, on ne peut nier la croissance de l’entrepreneuriat féminin au Canada et sa contribution au développement économique du pays. Cela dit, la concentration des femmes entrepreneures dans les secteurs du service témoigne des inégalités qui demeurent dans le milieu des affaires. Bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses, les femmes sont encore en marge des secteurs à fort potentiel de croissance. Selon moi, une chose est certaine, c’est qu’il reste un travail à accomplir pour enfin briser les barrières auxquelles elles sont confrontées.
Néanmoins, à mesure que je rêve d’un monde plus inclusif, je garde en mémoire les victoires que les femmes ont déjà remportées au fil du temps et les changements qu’elles continuent d’apporter chaque jour. Les grandes choses prennent du temps, et il semblerait que la cause féminine en fasse partie. Alors certes, nous devons garder un œil sur l’avenir, mais que cela ne nous empêche pas de nous réjouir et d'être fières du parcours accompli!