Nathon Kong (MBA  2012) : entre affaires, arts et science

Les gens croient souvent qu’il est pratiquement impossible de réussir un changement de carrière majeur et que lorsqu’on s’est établi dans un domaine, l’on doit y rester jusqu’à la retraite. Pourtant, les changements de carrière radicaux sont plus fréquents et faisables que l’on pourrait le croire.

Récemment, Nathon Kong, fondateur, directeur artistique et concepteur de La Maison Nathon Kong, a reçu le prix Jeune Phénix de l’École de gestion Telfer pour son succès professionnel, ses œuvres caritatives et ses initiatives de durabilité. Voici son parcours hors du commun.

Inspiré par la famille, le savoir et la durabilité

Nathon a grandi dans un milieu très modeste : sa mère a dû élever seule ses quatre enfants en Thaïlande après le décès de son mari. À l’âge de 14 ans, sur les conseils de sa mère, Nathon s’exile dans un pensionnat où il apprend l’anglais. Fort de l’autonomie qu’il y a acquise, il part à l’autre bout du monde à l'âge de 19 ans pour faire un baccalauréat en microbiologie avec mineure en gestion à l’Université McGill.

Après l’obtention de son diplôme, il commence à travailler en milieu hospitalier dans le domaine des biotechnologies pharmaceutiques. C’était la voie qu’il s’était tracée.

Pourtant, sentant le besoin de se dépasser et de démarrer sa propre entreprise (comme sa mère), il a décidé de suivre un programme de MBA à l’École de gestion Telfer.

Impatient d’appliquer ses nouvelles connaissances au secteur des soins de santé, Nathon a reçu une mauvaise nouvelle un an et demi après avoir obtenu son premier emploi post-diplôme : une vague de mises à pied dans l’entreprise où il travaillait frappe et fait en sorte qu’il s’est retrouvé sans emploi.

Heureusement, c’est ce qui l’a ultimement poussé à faire le saut vers l’entrepreneuriat et à lancer sa propre marque de vêtements.

Aujourd’hui, Nathon conçoit des habits sur mesure dans son studio sur le Plateau, très près des rues animées du centre-ville de Montréal.

La philosophie de Nathon

Nathon raconte des histoires. Il crée des pièces adaptées à sa clientèle en incorporant leur style personnel dans ses propres créations. Nathon ne se contente pas d’habiller des gens : il veut que ses créations déclenchent des conversations sur l’art et la culture afin de bâtir une communauté qui voit la mode comme une forme d’expression artistique.

« Je veux me concentrer sur la qualité. Mes pièces sont faites pour durer. Je veux de beaux tissus. Je veux que ma clientèle prenne soin des créations que nous avons conçues pour elle », explique Nathon.

Son objectif n’est pas la production de masse, mais plutôt la création d’habits sur mesure de grande qualité qui sont à l’image de sa clientèle. Cette dernière apprécie toutes les facettes de La Maison Nathon Kong, qu’il s’agisse de la conception, de la qualité ou du service à la clientèle en général. Dans son travail comme dans sa vie personnelle, Nathon se voit comme un minimaliste : moins, c’est mieux. Ses pièces sur mesure sont faites pour être conservées toute une vie.

Nathon cherche constamment de nouvelles façons de faire interagir les gens avec l’art. Récemment, il a lancé une collection artistique de carrés de pure soie de mûrier, en collaboration avec la Fondation Jean Paul Riopelle. Avec seulement une centaine de ces « œuvres sur soie » en circulation, on parle de pièces vraiment uniques. Pour chaque carré de soie vendu ou de tout autre de ses créations il verse 10 % des profits à un organisme sans but lucratif, généralement dans la région du Grand Montréal.

Pour Nathon, la mode est une question d’émotion : c’est ce qui comble son esprit créatif, inspire sa clientèle et lui permet de soutenir des œuvres caritatives.

Telfer, une fenêtre ouverte sur un univers de possibilités

Pendant ses études au programme de MBA à Telfer, Nathon a fait partie de l’Association des étudiants au MBA (AEMBA), qui s’efforce d’enrichir l’expérience de la communauté étudiante en lui donnant des occasions de perfectionner ses compétences universitaires, professionnelles et sociales.

En tant que vice-président au réseautage, il était bien placé pour apprendre l’importance de se lancer et de bâtir un réseau solide.

« Je ne savais pas comment réseauter. Je ne savais pas comment aller chercher l’emploi que je voulais avant de m’inscrire (au programme de MBA). Et j’ai fini par comprendre que je devais me mettre en valeur. »

Au fil de ses expériences scolaires et parascolaires à Telfer, Nathon a atteint son objectif de prendre en main sa carrière et son réseau en plus de jeter des bases solides pour sa marque.

Les tissus durables et l’avenir de la mode

L’on sait que les secteurs de la mode et des tissus sont le deuxième contributeur en importance à la pollution mondiale, tout juste derrière l’industrie pétrolière. Les créatrices et créateurs indépendants comme Nathon ont beaucoup de contrôle sur leurs pratiques d’utilisation des tissus et de réduction du gaspillage; beaucoup multiplient les efforts pour limiter leur impact environnemental.

C’est pourquoi la durabilité est bien ancrée dans la stratégie et les pratiques commerciales de Nathon. Constamment à l’affût de nouvelles manières de réduire le gaspillage, il trouve la majorité de ses tissus et garnitures dans des magasins qui se spécialisent dans les matériaux de fin de ligne.

Comme il est à la tête d’une entreprise de conception spécialisée dans le sur-mesure, il peut se concentrer sur un petit nombre de vêtements de grande qualité plutôt que de produire du prêt-à-jeter à la chaîne. Il demande aussi à sa clientèle de n’acheter que le nécessaire plutôt que d’acquérir une multitude de vêtements d’un coup.

Généralement, la réaction est positive, et la demande est perçue comme un appel à une consommation et à une vision du style personnel plus réfléchies. Parfois, il suffit d’un petit rappel pour que les gens consomment moins.

La suite des choses

Nathon travaille actuellement à redécorer sa maison et sa nouvelle salle d’exposition. « Les gens en mode ont tendance à être attirés par le côté créatif, non? Et la créativité ne se limite pas aux vêtements. » C’est pourquoi il s’intéresse aussi à l’aménagement intérieur en tant que forme d’expression créative et artistique.

Nathon trouve son inspiration au carrefour de la mode, des affaires et de la science. Loin de lui l’idée de limiter sa créativité en fonctionnant en vase clos ; il sait que la vraie beauté se trouve dans l’union de ses perspectives universitaires, professionnelles et philosophiques.

Cet article fut rédigé par Etana Dang.

Etana Dang est une étudiante de 4e année en gestion de technologie des affaires et marketing à l’École de gestion Telfer. Elle occupe le poste d'adjointe aux communications et aux projets spéciaux au sein de l'équipe d’engagement des diplômées et diplômés à l’École de gestion Telfer.