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Une recherche révèle les effets de trois facteurs externes sur la parité au sein des conseils d’administration

groupes de personnes souriantes réunis à une table

Dans une nouvelle étude, le professeur Walid Ben Amar de l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa et ses coauteurs ont évalué la façon dont une combinaison de facteurs socio-économiques, individuels et juridiques influait sur la parité hommes-femmes au sein des conseils d’administration.

Une hausse impérative, mais lente

La recherche a montré que la représentation des femmes au sein des conseils d’administration était nettement avantageuse pour les sociétés, puisque l’hétérogénéité d’une équipe de direction favorise l’innovation, améliore la sensibilisation à la responsabilité sociale des entreprises et fait croître la rentabilité. Toutefois, la composition des conseils est encore à forte prédominance masculine.

À l’échelle mondiale, les femmes occupent 17,7 % des sièges des conseils d’administration des grandes sociétés, et environ 50 % des entreprises ne comptent qu’une seule femme au sein de leur conseil, voire aucune. Au Canada, la situation n’est guère mieux : en 2018, 16,4 % des sièges de conseils étaient occupés par des femmes.

Dans le passé, des chercheurs ont tenté d’expliquer cette disparité entre les sexes en étudiant les effets du milieu, des perceptions et des stéréotypes, ainsi que de la taille de l’entreprise, du type de secteur et de facteurs sociétaux sur la diversité au sein des conseils. Cependant, peu se sont concentrés sur la façon dont la combinaison de facteurs socio-économiques, émancipatoires et juridiques faisait croître ou diminuer la diversité au sein des conseils.

Analyse poussée

Pour accroître les occasions offertes aux femmes d’assumer des fonctions de direction, il est crucial de mieux comprendre les éléments qui favorisent la diversité. C’est précisément pour cette raison que le professeur Ben Amar et ses coauteurs ont évalué les effets de trois principaux types de facteurs sur la diversité hommes-femmes au sein de conseils :

  • socio-économiques (ressources favorisant l’action, comme l’accès des femmes à des services de santé, à la formation et à des possibilités d’emploi);
  • individuels (valeurs émancipatoires, notamment l’égalité entre les sexes, l’autonomie, la tolérance et l’inclusion);
  • juridiques (droits civiques, comme le droit à l’égalité, à la liberté et à la non-discrimination).

Dans l’article « Empowering Women: The Role of Emancipative Forces in Board Gender Diversity » publié récemment dans le Journal of Business Ethics, l’équipe de recherche a analysé une vaste base de données sur plus de 60 000 membres de conseil d’administration de près de 6 500 sociétés ouvertes de 30 pays. Voici leurs principales constatations :

  • L’accès des femmes à des ressources favorisant l’action influe positivement sur la présence de femmes au sein de conseils. Si les femmes ont accès à ces ressources, elles seront plus susceptibles d’assumer des fonctions de direction.
  • Les valeurs émancipatoires contribuent aussi à réduire les disparités entre les sexes dans ce contexte. Les femmes sont plus susceptibles de se sentir soutenues dans leurs choix et de chercher à occuper des postes au sein de conseils d’administration si, dans la société, l’inclusion, l’égalité, l’autonomie et la tolérance sont grandement valorisées.
  • Les droits civiques transforment les valeurs émancipatoires en lois et en règlements, ce qui permet à un nombre accru de femmes de devenir membres d’un conseil d’administration.
  • La représentation des femmes au sein de conseils est plus élevée dans les pays où les femmes ont accès à une combinaison des trois types de facteurs.
  • Pour réduire les disparités entre les hommes et les femmes au sein des conseils, ces trois facteurs doivent avoir des incidences tant sur la vie des femmes que sur celle de leurs collègues masculins.
  • Lorsque les disparités commencent à diminuer, les modèles féminins sont plus enclins à motiver d’autres femmes à devenir membres d’un conseil d’administration. La représentation féminine au sein d’un conseil est plus élevée dans les entreprises dont le conseil est présidé par une femme, ce qui confirme que la présence de modèles de leaders féminins et de mentores inspire les femmes à adhérer à des conseils d’administration en plus grand nombre.

Pourquoi les responsables politiques devraient s’en préoccuper

Les sociétés ont besoin d’attirer davantage de femmes au sein de leur conseil d’administration, mais il est aussi essentiel qu’elles créent un milieu propice et respectueux qui encourage les femmes à en devenir membres. L’étude du professeur Ben Amar nous rappelle que la diversité au sein des conseils d’administration a des retombées positives sur l’économie :

« La parité entre les hommes et les femmes au sein des conseils contribue à accroître l’efficacité des pratiques de gouvernance d’entreprise et les résultats économiques. La recherche explique cette conséquence par l’effet positif que les administratrices ont sur la qualité des délibérations du conseil, sur l’ensemble du savoir dans lequel le conseil peut puiser et sur l’élaboration de la stratégie d’entreprise. En moyenne, elles arrivent mieux préparées aux réunions que leurs collègues masculins, et leur taux de présence est supérieur. »

Le professeur Ben Amar indique en outre qu’il faudrait prendre d’autres mesures stratégiques afin que la diversité hommes-femmes au sein des conseils devienne la norme :

le professeur Walid Ben Amar« Nous croyons qu’il est important, dans une optique de politique publique, de promouvoir l’autonomisation des femmes pour renforcer leur volonté d’explorer des occasions d’affaires et d’accéder à des postes de direction. Il est probable que les initiatives réglementaires qui visent à améliorer l’émancipation des femmes dans une société aient des effets positifs à la fois sur le rendement financier de l’entreprise et sur sa sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux. »