Apprendre la langue comptable : rencontre avec le nouveau professeur Errol Osecki
Errol Osecki a été engagé cet été pour enseigner la comptabilité à l’École de gestion Telfer. Titulaire d’un Ph. D. de la Schulich School of Business, il a entrepris sa carrière universitaire après avoir travaillé comme expert-comptable, notamment auprès de communautés autochtones, d’organismes à but non lucratif et de petits clients gouvernementaux. Nous l’avons rencontré pour en apprendre davantage sur ses domaines de recherche de prédilection.
Pourquoi avez-vous choisi d’étudier la comptabilité? Votre intérêt professionnel cache-t-il un intérêt personnel pour ce domaine?
On réduit souvent la comptabilité aux impôts et aux mathématiques, mais en réalité, il s’agit d’apprendre une nouvelle langue : celle des affaires. Or, pour se familiariser avec une culture ou un groupe, il est utile d’en connaître la langue. Comme les êtres humains me fascinent, j’étudie les gens d’affaires et les décisions qu’ils prennent grâce à la langue comptable.
En quoi vos études doctorales ont-elles influencé vos recherches actuelles?
Comme doctorant, j’ai eu la chance de toucher à diverses disciplines et méthodes, d’où l’importante dimension interdisciplinaire de mes recherches en comptabilité. Par exemple, dans ma thèse, j’ai examiné les effets des émotions interpersonnelles des auditrices et auditeurs sur leurs décisions concernant l’information financière en m’éclairant d’éléments de théorie psychologique tirés du marketing. De plus, j’étudie la transformation du domaine de l’audit par les nouvelles technologies à travers le prisme de la théorie de la rupture, qui nous vient des recherches en gestion.
Avez-vous des nouveaux projets ou des projets saillants que vous aimeriez partager avec nous?
Oh oui! Cet été, j’ai présenté un projet d’équipe visant à analyser la rupture opérée par les nouvelles technologies dans le milieu de l’audit, et les implications pour les personnes qui accèdent à la profession. Il s’avère que les avancées technologiques, au lieu d’éliminer les emplois existants et les techniques actuelles, créent une nouvelle manière d’auditer certaines organisations et alimentent la demande pour d’autres comptables spécialisés. Je prépare aussi un projet pour tenter de déterminer les conséquences émotionnelles des indicateurs comptables sur les décisions des cadres, et de savoir si une reddition de comptes excessive risque de nuire au leadership.
Quelle incidence vos recherches peuvent-elles avoir sur le milieu des affaires au Canada?
Les recherches en comptabilité, pour la plupart, simplifient à outrance. Or, mes travaux révèlent que le domaine comptable est nuancé, et mérite qu’on s’y attarde. Je m’intéresse à la manière dont les nouvelles technologies font grandir la portion du monde des affaires visée par le domaine de l’audit. Mes recherches montrent également en quoi les émotions négatives peuvent amener l’auditrice ou l’auditeur à négliger des erreurs potentielles. En comprenant mieux ces questions, les comptables sont à même de prendre de meilleures décisions d’affaires d’un point de vue global, ce qui profite à l’ensemble des entreprises du pays.