La périménopause au travail : comprendre l’expérience des femmes au Canada

La périménopause est la période de transition menant à la ménopause, qui marque la fin des années reproductives. Pour de nombreuses femmes, cette phase s’accompagne d’une panoplie de difficultés physiques et affectives : bouffées de chaleur, perturbations du sommeil, sautes d’humeur et troubles de la concentration, parfois qualifiés de « brouillard mental ». Toutefois, bien des Canadiennes souffrent en silence au travail et doivent se débattre seules dans cette étape de leur vie à cause des préjugés et du manque de soutien. En effet, le sujet est encore aujourd’hui souvent balayé sous le tapis en milieu professionnel. 

Pour faire la lumière sur le vécu des femmes en périménopause au travail et creuser cette importante question, la professeure Madeline Toubiana a reçu une subvention de développement Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour mener à bien son projet révolutionnaire intitulé « Perimenopause and Women’s Work-Related Experiences ».

« Toutes les femmes cisgenres traverseront la périménopause, mais cette réalité est pratiquement absente de la recherche en gestion, déplore la professeure Toubiana. Bien que le sujet ait gagné en visibilité grâce à des leaders d’opinion du monde entier, nous avons encore tendance à nous concentrer sur les symptômes médicaux de la périménopause plutôt que sur l’influence qu’elle exerce sur la vie professionnelle des femmes. Nous menons ce projet dans l’espoir de changer les choses. »

Comprendre l'impact de la périménopause sur les femmes au travail

L’équipe de recherche s’intéresse aux répercussions de la périménopause au travail et propose des stratégies pour bien vivre cette transition dans le but de renverser les préjugés entourant le vieillissement du corps des femmes dans les milieux professionnels. Le peu d’attention que nous portons à cette question est troublant, car de nombreuses femmes en périménopause travaillent encore et elles sont souvent au sommet de leur carrière. En abordant ce sujet souvent tabou, la professeure Toubiana veut briser le silence et permettre aux organisations de mieux comprendre l’expérience des femmes dans le but d’entraîner la création de milieux inclusifs et bienveillants à l’égard des femmes pendant cette étape cruciale de leur vie.

Pour ce faire, elle utilise une approche en deux volets : des entrevues avec des femmes en périménopause à travers le Canada et l’analyse du contenu de la presse écrite et des médias sociaux. Les entretiens fournissent de l’information de nature personnelle, tandis que l’analyse du contenu révèle les représentations sociétales de la périménopause et la manière dont les perceptions ont pu évoluer au fil du temps.

Plus important encore, la professeure Toubiana et son équipe utilisent cette subvention pour lancer ce qu’elles appellent le « Projet périménopause », dont le coup d’envoi aura lieu en février, à Telfer, avec le visionnement du documentaire d’animation qui leur a été commandé, ainsi qu’une table ronde et une activité interactive sur la périménopause. Elles espèrent que la vidéo suscitera des discussions sur la périménopause au travail. Elles ont également conçu un site Web où les femmes peuvent interagir et raconter leurs expériences à l’aide de textes, d’images et de vidéos.

Leur projet de recherche fournira des données précieuses sur différents groupes cibles. Il permettra de mieux comprendre la périménopause et les expériences vécues par les femmes en milieu de travail et proposera au grand public ainsi qu’aux médias des stratégies pratiques pour vivre sereinement cette période. Il apportera également de nouvelles perspectives sur la manière dont les changements corporels façonnent l’identité des travailleuses et contribuera à la lutte contre les préjugés se rapportant à l’étude de la périménopause en milieu de travail. Enfin, le projet mettra en évidence des mesures que les entreprises privées et les organismes sans but lucratif pourront mettre en œuvre pour soutenir les femmes durant cette étape de la vie, ce qui favorisera l’instauration d’une culture professionnelle à la fois inclusive et bienveillante.