Au-delà des chiffres : la finance sous un angle nouveau à Telfer
Et si on demandait à des étudiantes et étudiants en finance de laisser de côté les chiffres pour se plonger dans l’ambiguïté?
C’est ce que fait la professeure Darlene Himick dans son cours ADM 4355 – Finance, Ethics and Social Responsibility : elle invite sa classe à se détourner des approches techniques et quantitatives habituelles au profit de la recherche qualitative, ancrée dans l’expérience humaine. « La finance, c’est beaucoup de données et de modèles, explique la professeure. Je voulais proposer autre chose, les faire sortir de leur zone de confort, stimuler leur curiosité et les faire réfléchir à des aspects de la vie quotidienne qui les concernent personnellement. »
Les étudiantes et étudiants devaient rédiger leur propre questionnaire, réaliser des entrevues et en dégager des conclusions, et enfin, proposer des solutions liées à la finance sous la forme d’affiches présentées au public. C’était pour plusieurs une toute première expérience du genre.
Le résultat? Une démonstration éclatante de réflexion étudiante ancrée dans l’éthique, le vécu et les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. L’Académie verte commanditait le concours d’affiches, qui a attiré en grand nombre des membres de la population étudiante et du corps professoral et des visiteuses et visiteurs à l’exposition d’une semaine, au deuxième étage de la Bibliothèque de gestion.
Dans deux sections du cours, plus de 60 affiches ont été créées, et six équipes gagnantes ont été sélectionnées par vote de leurs pairs et du public. Les présentations portaient sur un large éventail de sujets, allant de la littératie financière aux téléphones intelligents en passant par la mode durable et la santé mentale étudiante. Telfer n’est pas peu fière de la créativité de ses étudiantes et étudiants!
Pleins feux sur les équipes classées au premier rang
SECTION M
🏆 Threading Ethics into Fashion (La mode dans le droit fil de l’éthique)
Khadija Ahmad, Faseeha Farhan, Shumail Sheikh
Rattaché à l’ODD no 12 : Consommation et production responsables, ce projet mettait en lumière le fossé entre le soutien des étudiants et étudiants au développement durable et leurs choix vestimentaires. Bien que le prix et le côté pratique arrivent en tête des priorités, les jeunes adoptent souvent des comportements durables – comme l’achat de vêtements de seconde main – sans se rendre compte qu’ils sont éthiques.
L’équipe proposait des incitatifs financiers, comme des friperies éphémères sur le campus, des étiquettes de prix transparentes et des partenariats avec des marques éthiques pour promouvoir la mode durable. L’approche consistait à se servir du levier financier pour conscientiser les gens à la consommation responsable, au-delà de l’aspect pratique.
« Le trimestre a été très enrichissant, car nous l’avons passé à faire de la recherche sur un sujet qui nous passionne, se réjouit Faseeha Farhan. C’était fascinant d’analyser les habitudes et les valeurs des gens à partir d’entrevues. Nous avons constaté que l’éthique et la responsabilité prennent racine dans nos choix au quotidien. »
« Les discussions avec les membres du jury et les visiteuses et visiteurs, c’était autre chose qu’une présentation en classe, fait remarquer Khadija Ahmad. Ça a renforcé ma confiance en moi, j’étais à l’aise de parler et d’échanger des idées sur un sujet important. »
Section N
🏆 How Smartphones Are Changing Social Connection on Campus (L’influence des téléphones intelligents sur les liens sociaux sur le campus)
Derek Cruickshank, Daniel Johnston, Hayden Weedmark
Lié à l’ODD no 3 : Bonne santé et bien-être et à l’ODD no 4 : Éducation de qualité, ce projet explorait l’influence des téléphones intelligents sur les comportements des étudiantes et étudiants dans leurs relations sociales, mais aussi dans un cadre d’apprentissage. Il est ressorti des entrevues que le numérique diminue souvent la profondeur et la fréquence des relations en personne et nuit à la concentration en classe.
Pour renverser la tendance, l’équipe proposait un ensemble de solutions : des événements sans téléphones financés par l’Université, des campagnes de désintoxication numérique et l’octroi de soutien financier à des programmes de mieux-être par les pairs. Il s’agissait de considérer les liens sociaux comme un investissement stratégique dans le bien-être étudiant.
« En tant qu’étudiants en finance, nous avons l’habitude de travailler avec des nombres et des modèles, souligne le trio. Ce projet nous amenait plutôt dans l’univers du dialogue et des émotions. En écoutant nos pairs nous confier leur sentiment de solitude, nous avons réalisé que la finance, l’éthique et les problèmes sociaux sont étroitement liés, en particulier dans notre communauté universitaire. »
Le développement de la pensée critique
Axé sur les ODD et la recherche sur le terrain, le cours invite les étudiantes et étudiants à jeter un regard critique sur le monde et à s’investir dans la recherche, la résolution de problèmes et l’art du récit.
« J’espère qu’en réalisant ce travail, les étudiantes et étudiants se rendent compte de leur capacité de faire de la recherche et envisagent même de poursuivre des études supérieures, confie la professeure Himick. Nous avons un excellent programme de maîtrise à Telfer; peut-être que le cours aura éveillé leur intérêt pour la recherche. »
Chaque équipe a reçu un modeste prix en argent, financé par l’Académie verte, en guise de récompense pour sa réflexion, son travail et le soin qu’elle a mis à réaliser son projet.
Une collaboration avec l’Académie verte
Le soutien de l’Académie verte au concours s’inscrit dans son mandat de cultiver la réflexion et l’innovation durable dans toutes les disciplines. L’approche du concours fondée sur l’exploration de questions sociales et environnementales par la recherche cadre également avec la mission de l’Académie : promouvoir l’enseignement en gestion responsable.
Ce concours nous rappelle que la réflexion éthique commence lorsqu’on pose les bonnes questions et qu’on ose y trouver les réponses soi-même. Comme l’a si bien dit Shumail Sheikh : « Nous avons réalisé que nos moindres choix réfléchis peuvent entraîner de grands changements. Il faut se conscientiser et avoir le courage de poser de meilleures questions sur le monde que nous construisons. »
Cet article fut rédigé par Takwa Youssef, coordonnatrice de l'Académie verte à Telfer.
En tant que coordonnatrice de l'Académie verte, Takwa joue un rôle clé dans le soutien à la mise en œuvre des programmes interdisciplinaires de l’académie. Elle supervise la logistique, la coordination des événements et la gestion des ressources, assurant l'exécution réussie des cours, ateliers, formations et recherches. Takwa établit des ponts entre les facultés, les services et les partenaires externes, cultivant la collaboration pour enrichir l'impact du programme. Elle gère la communication, les finances et l’administration, tout en contribuant à la vision à long terme de l’académie en renforçant les liens entre les disciplines et en soutenant sa croissance continue.